jeudi 31 janvier 2013

Petit retour en maternelle

Parfois, comme ça, je me demande si je suis vraiment en terminale, si c'est moi la fille qui aura bientôt 18 ans, qui va commencer ses études supérieures et découvrir les joies de la prépa ou de la fac. L'autre jour, en sélectionnant mes voeux sur admission post-bac, je me suis rendue compte à quel point j'avais changé, que du chemin avait été parcouru, et que  cette fois il était temps que tout cela se termine et qu'enfin j'étudie quelque chose qui me plaise. Dans ces moments-là oui, je me dis que je suis vraiment en dernière année de lycée et que dans quelques mois je serai majeure.
 
Mais peut-être que ces sensations de liberté qui tendent à se manifester davantage à mesure que nous nous rapprochons de l'âge adulte ne sont que des illusions, et que sous notre enveloppe d'adolescent se cache encore un enfant qu'on s'obstine à surveiller.
C'est du moins la remarque que je me suis faite après avoir lu le mail de ma prof d'anglais, qui prévoit de noter notre cahier d'anglais. Elle n'a bien évidemment pas oublié de joindre à ce mail une merveilleuse pièce jointe comportant les titres de toutes les feuilles censées être collées dans ledit cahier. Bon cahier : 20/20. Pas de cahier, trieur à la place : 0/20. A ce moment-là je me suis dis que j'étais vraiment mal parce que je n'ai jamais acheté le cahier qu'elle s'est pendant des semaines tuée à essayer de nous faire acheter, que j'ai gardé un trieur, que j'ai écrit mes cours à l'arrache et à moitié, que la plupart de ses fiches je ne sais même pas où elles sont - mais jusqu'ici je m'en foutais parce que je me suis toujours débrouillée avec mon bordel. Naïvement j'imaginais que puisque j'avais plus de 16 de moyenne en anglais, au moins dans cette matière on n'allait pas m'embêter.

Mais ça c'était avant. Quelle belle illusion que de croire qu'à 17 ans on nous considérerait enfin comme des êtres humains responsables et qu'on n'avait plus besoin que quelqu'un se mêle de notre façon de traiter nos cours. Oui c'était une belle illusion, mais bien éloignée de la réalité, c'est ce que je me suis quand, tentant de rester le plus calme possible, j'ai répondu à son mail.  Dans ces situations les arguments typiques ne fonctionnent pas, alors je me suis simplement contentée de dire que j'avais des "douleurs constantes au cou" ce qui est vrai, et que je cherchais donc à alléger mon sac au maximum (on dirait une excuse bidon, dit comme ça, mais je pense avoir été crédible - sans même avoir besoin de mentir).  Si elle me met 0, la guerre sera déclarée. Histoire à suivre.

dimanche 27 janvier 2013

Le Destin a frappé - partie 1

Cet article démesurément long  (je m'en excuse) n'est que la première partie de l'article que j'ai intitulé "Le destin a frappé", qui n'a rien d'exceptionnel si ce n'est que pour une fois il ne s'agit pas d'un long monologue sur un thème précis, comme la séparation ou la torture psychologique au lycée. Pour changer un peu j'ai voulu retourner dans la normalité et simplement parler de quelques épisodes de ma vie quotidienne. C'est aussi ce genre d'article que je serai heureuse de relire dans quelques années.
*****

J'ai inventé un petit rituel pour éviter à mon cerveau d'exploser pendant les cours d'économie et de géographie : je laisse mon esprit s'évader quelques instants, laissant les voix ne m'atteindre que comme un murmure lointain, je me retire en moi-même, je m'empare de mon stylo, et je commence à écrire. Vendredi, je l'ai donc saisi et j'ai noirci une page, puis une autre, puis une autre. Retirée en moi-même, pas tant que ça : je n'oubliais pas de cacher de mon bras les lignes à mesure que je les remplissais pour empêcher une paire d'yeux baladeurs d'avoir, par mes mots, un accès direct à mon esprit et à mes pensées. J'ai commencé à écrire un article sur le fatalisme et le Destin, et à ce moment-là j'étais loin d'imaginer que les derniers événements de la journée donneraient davantage de contenu à mon texte. Vous voilà condamnés à lire un article qui a doublé de volume.
Je n'ai jamais été impolie envers l'esprit d'Alain, je ne lui ai jamais manqué de respect et j'osais espérer que mes regards moqueurs passeraient inaperçus, mais non, son fantôme est bel et bien revenu pour me hanter. Malheur à moi, ce pauvre défunt a remarqué la manière avec laquelle je lisais son texte sur la nécessité - les yeux écarquillés, le regard taquin et moqueur. A ce stade de l'histoire, avant qu'un nouveau contre-temps ne m'empêche de réviser mes DS, je crois utile de préciser que je ne ne nierai plus jamais l'idée de nécessité et de fatalisme. Vous m'entendez vous autres fantômes ? Jamais. Vous comprenez, je n'aimerais pas être privée, suite à une action divine venant punir mon impertinence, de ces heures de révisions si délectables durant lesquelles je me penche devant un carnet de comptabilité, ou mieux, devant un croquis représentant les dynamiques du Brésil.

J'étais pourtant pleine de bonne volonté, vendredi matin, quand je suis calmement sortie de mon lit au lieu de saisir mon réveil et de le jeter par la fenêtre, pour ne plus jamais être victime de ses musiques orientales ou de ses prédictions astrologiques. "Arrêtez d'éviter les conflits". Bon sang ils ont raison, aujourd'hui c'est décidé je vais défouler sur quelques victimes choisies par mes soins. Désespérée par mes yeux cernés, paniquée devant mes cheveux ébouriffés, j'ai quand même résisté à la puissante attraction que mon lit exerçait sur moi. "Reste avec moi deux heures de plus, mon enfant", me susurrait-il, le coquin.

J'aurais pu céder à ses demandes. Je vous avais déjà dit que le vendredi je commençais à 10h ? Stratégie brillante de la part de nos professeurs. Loin d'eux l'idée de laisser aux élèves deux heures de plus pour se reposer et oublier à quel point se faire massacrer par des normographes et des crayons de couleur est éprouvant, ils ont plutôt cherché le moment où nous ne pourrions pas mettre ces deux heures à profit pour dormir. Quel est le meilleur moment pour que les élèves s'auto-torturent sans qu'ils n'aient à porter le chapeau de notre souffrance, voire même de notre mort précoce ? Le vendredi matin, gagné. Quand le temps presse, les procrastinateurs que nous sommes ne sont pas dépourvus d'un certain sens des priorités, c'est pourquoi nous sommes capables de nous rendre compte que commencer à réviser un DS le vendredi soir pour le samedi matin n'est pas l'idée la plus brillante que nous ayons eue. Pour nous rattraper, nous décidons de programmer notre instrument de torture favori à 6h45 dans le but de nous rendre au lycée à 8h, comme tous les jours, tout en nous maudissant de ne pas avoir ouvert nos cours plus tôt. Nous profitons de ces 2h de calme pour réviser (rectifications : nous profitons de ces 2h passées au CDI au milieu de petits excités incapables de bosser leur TPE en silence). Oui, les professeurs sont intelligents quand ils s'agit de faire souffrir leurs élèves. "Ces abrutis incapables de s'organiser se lèveront plus tôt" pensent-ils, nos cruels supérieurs (ajoutez à cette affirmation un rire démoniaque et vous serez en mesure d'imaginer le degré de sadisme d'un professeur des plus banals).

Pour se rendre au lycée à 8h, encore faut-il être prête à temps - premier obstacle - et avoir des transports en commun - second obstacle. Après avoir passé plus de temps que la normale à me préparer, peu motivée à l'idée de me faire massacrer à coup de logarithme népérien, d'exponentielles ou de valeurs intermédiaires, j'ai quitté mon appartement à reculons 20 minutes plus tard que prévu. Le casque sur les oreilles, je ne me pressais pas dans la rue. Je profitais de ce moment où, si je faisais abstraction du froid qui gelait mes pauvres petits doigts pourtant protégés par des gants, je pouvais ne penser à rien d'autre qu'à la musique qui me berçait et rythmait mélodieusement mes pas, sans culpabiliser de ne pas être en train de travailler. Seule dans mon monde, j'étais presque souriante, mais ça c'était avant de me faire chasser sans avoir pu entrer dans le métro. "Pas la peine de venir, pas de métros pour une durée indéterminée, je ferme la station" (A la façon dont il nous regardait et nous parlait, il aurait pu tout aussi bien nous dire "Allez ouste bande de cons" que ça n'aurait rien changé).

A ce moment-là j'ai pensé très fort à Alain, et aussi accessoirement au bus que j'allais bien pouvoir prendre pour me rendre au lycée, d'abord parce que j'avais froid, et ensuite parce qu'en tant que paresseuse qui se respecte, je ne pouvais décemment pas faire le trajet entier à pied. J'ai pensé à lui et je me suis dis qu'il avait peut-être raison, qu'une nécessité m'empêchait bel et bien de réviser mon DS de maths pour me punir de ne pas m'y être prise plus tôt, ou peut-être aussi que c'était son fantôme qui voulait se venger de ne pas avoir pris sa philosophie bien au sérieux. Pendant un instant j'ai été tentée de retourner chez moi, de me remettre en pyjama et de ne plus jamais revenir. Mais une petite voix dans ma tête me répétant qu'un DS de maths ne se révisait jamais tout seul,  j'ai finalement réussi à convaincre que la seconde option, celle qui consistait à me rendre au lycée sans repasser chez moi, était la plus raisonnable. Je marchais, et je sentais la libération approcher. (Comprendre : le bus, le bus, enfin le bus !). Ledit bus m'est passé sous le nez et, toute indignée que j'étais, j'ai refusé d'attendre 11 minutes et j'ai décidé de finir à pied. J'avais bien envie de m'arrêter visiter la fosse aux ours (mais c'était fermé) ou de manger une pizza (mais c'était un peu tôt), et puis finalement j'ai continué ma route et je suis arrivée au lycée à 8h45.
"Victoire, victoire !" criait mentalement une Esmeralda hystérique en fonçant au CDI et en s'emparant d'une revue (Je lis cinq minutes et ensuite promis, je me mets aux maths). Mais non, il a encore fallu que le destin se mette en travers de ma route. Chassée du CDI injustement ("CDI fermé aujourd'hui" Ah bon et qu'est-ce que je fous là alors ?) je me suis contentée du bâtiment des terminales où j'ai tracé quelques tableaux de variations entre deux conversations avec des camarades. J'aurais mieux fait de rester dormir chez moi.

samedi 26 janvier 2013

APB, ou le début de la libération

Comment le lycée peut-il devenir un lieu de torture psychologique, responsable de tous les sentiments colériques et haineux que je ressens, alors qu'il était, il n'y a pas si longtemps, un lieu merveilleux et plein de joie ? Il était l'endroit où je pouvais fuir la maison, le lieu où je retrouvais mes camarades avec joie, où je pouvais savourer la routine qui me rassurait plus qu'elle ne me dérangeait.  Il l'est toujours un peu mais il a perdu toute sa beauté. Aujourd'hui j'y retrouve des camarades aussi stressés que moi et leur tension est non seulement palpable mais aussi contagieuse. En général je suis contente de revoir tous ces visages, passer deux ou trois ans avec les mêmes personnes ça crée des liens, mais mon dégoût profond pour le lycée, l'enseignement scolaire et certains professeurs a pris une importance telle qu'il a remplacé tout le reste. Je voudrais fuir, m'exiler quelques temps, écrire des pages et des pages pour me vider le coeur et l'esprit, me détendre et oublier la fatigue, l'angoisse et la lassitude, et j'aimerais voir plus souvent ces quelques personnes qui comptent énormément pour moi mais dont les moments passés avec elles se font rares, elles me manquent plus que je ne veux bien l'avouer.
 
J'ai parfois envie de me mettre à verser des torrents de larmes qui ont le goût de la rage et du désespoir, de crier à ceux qui se mettent en travers de mon chemin de me foutre la paix et de me laisser étudier où je veux (si je le demande c'est que j'en suis capable, *insulte censurée*). Je voudrais pleurer face à la honte de ne pas m'être prise en main, face à la déception engendrée par le lycée, face à ma vie qui stagne, qui n'avance pas (mais ne suis-je en même temps pas trop terrifiée pour provoquer un changement radical ?) et qui me laisse seule face à l'incertitude mais aussi face à la routine et au stress. J'aurais voulu pleurer mais je ne l'ai pas fait. Parce que pleurer c'est s'avouer vaincu, c'est se mentir à soi-même en se convainquant que la situation est plus terrible qu'elle ne l'est vraiment, et parce que si aujourd'hui ça ne va pas, demain je me relèverai et j'avancerai. Au collège il fut un temps où je passais fréquemment mes soirées les yeux inondés de larmes - sans même comprendre d'où venait ce soudain trop-plein d'émotion. Je suis toujours cette personne sensible, mais je ne pleure plus. J'avance. Je me console avec les cours de littérature que j'ai de temps à autre, mais aussi et surtout avec la philosophie, mon petit rayon de soleil presque quotidien. Mais ma vie n'est pas simplement constituée du lycée, et ça je ne l'oublie pas. Zweig, Camus, écriture, piano, violoncelle, internet, blogs, forums, séries, famille, amis. Oui, j'avance et c'est ce qu'il faut. Au diable ceux qui n'ont pas confiance en moi, je sais ce que je vaux et ce dont je suis capable, je connais mes défauts mais aussi mon potentiel.
 
*****
Je ne cesse jamais de réfléchir à mon orientation, j'en parle souvent avec mes amis ou mes parents, j'essaie d'imaginer toutes sortes de voies possibles et j'organise mentalement mes voeux afin de trouver un ordre qui me corresponde. Aujourd'hui j'ai enfin concrétisé ces pensées : je me suis inscrite sur APB. Bien sûr rien n'est définitif, mais plus le temps passe et plus j'y vois clair dans ce que je veux faire. Les débouchés me font carrément flipper, mais pour le reste je me connais mieux que personne : je sais où je me sentirai bien et où je commettrai des meurtres (bien malgré moi, soyez-en sûrs). L'ordre de mes voeux n'a rien de logique, je demande des filières plus sélectives après des filières moins sélectives, mais je ne m'en préoccupe pas : j'ai choisi la voie du coeur et je la suivrais jusqu'au bout, alors au diable la raison. Un aperçu de mes voeux (désolée je ne mets pas le nom des lycées, si vous voulez en savoir plus envoyez-moi un mail). Petite précision : je ne me suis pas encore décidée pour l'ordre des choix 1 et 2, les deux me plaisent autant.
 
1- HK B/L (lycée 1) 
2- Licence de psychologie (fac 1)
3- HK B/L (lycée 2)
4- HK B/L (lycée 3) => il me reste à aller aux journées portes-ouvertes pour être sûre que je veux bien postuler dans ce lycée, car il n'a pas très bonne réputation au niveau de l'ambiance entre les élèves (trop de concurrence, des élèves qui se marchent sur les pieds).
5- HK A/L (lycée 4) => avec option théâtre.
6- HK A/L (lycée 2)
7- HK A/L (lycée 5)
8- Licence de psychologie (fac 2)

dimanche 20 janvier 2013

Le 13 février, je commence mes études supérieures

Et voilà un nouveau week-end qui se termine, encore un. Que dire sinon qu'il ne s'est rien passé de transcendant dans ma vie ces derniers temps ? Hier j'ai encore une fois déliré devant mon DS de philosophie (La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?), je suis un peu déçue de mon travail et je crois que j'ai négligé le "une", mais je préfère éviter les pronostics alors on verra. Rien à signaler, si ce n'est que j'ai envie de faire mes valises, de disparaitre quelque temps pour réapparaitre en septembre (enfin en juillet déjà). Je m'ennuie à longueur de journées, je perds mon temps dans des cours qui n'avancent pas et ça m'exaspère, l'horloge est devenue ma meilleure amie, je la contemple au lieu d'écouter les cours rendus inintéressants par mon peu d'intérêt pour la matière ou l'incompétence du professeur. J'en ai marre de subir les cours plutôt que d'en profiter. C'est bien clair : seules la philosophie et la littérature du module classe préparatoire arrivent à m'intéresser. J'adorais l'anglais mais cette année j'ai perdu goût de la matière telle qu'elle est enseignée au lycée, j'adorais l'économie mais là je trouve le programme profondément chiant, j'ai jamais aimé la géographie et c'est le genre de matière capable de me pourrir la vie à l'approche d'un DS. Non sérieusement, après ça comment peut-on me reprocher d'être trop scolaire ? J'aime la littérature parce que j'adore lire, j'aime les langues quand je regarde des films, je lis de la philosophie, j'approfondis moi-même à l'aide de livres, je me pose des questions. Et après on me dit que je suis trop scolaire. Non non non, c'est l'inverse, j'ai l'impression de ne jamais avoir autant détesté l'enseignement scolaire que cette année. Gros ras-le-bol. Je m'ennuie au lycée. Il y a tellement de choses que je pourrais faire si je n'avais pas tous ces trucs à réviser que j'aurai vite oublié. Je pourrais approfondir la philosophie encore et encore, progresser seule en anglais, et pourquoi pas essayer de me réconcilier avec l'histoire - mais seule dans mon coin. Et je voudrais commencer à lire des livres de psychologie.

Une seule phrase me redonne du courage : le 13 février, je commence mes études supérieures. Je la répète en boucle pour me redonner de l'espoir et de la motivation. Cette date-là est presque autant symbolique que celle d'aujourd'hui, 20 janvier 2013, jour d'ouverture d'admission post-bac. Ce 13 février, c'est mon arrêt des notes. Le troisième trimestre, je m'en fous. Je veux juste limiter les dégâts et ne pas avoir trop honte de moi quand je me souviendrai de ce dernier trimestre, et je vise la mention bien au bac. Le 13 février, j'arrête de me prendre autant la tête avec le lycée. Le 13 février, je vais réétablir mes priorités. Je commencerai à lire des livres de psychologie et à apprendre des notions. Une amie de la famille m'a prêté un gros dictionnaire de la psychologie, c'est l'occasion. Je vais emprunter des livres et m'initier à la psychologie tout en continuant à approfondir la philosophie, puisque je prendrai ce parcours en licence. En 6-7 mois j'ai le temps d'acquérir une base solide pour bien commencer mes études. Ca parait fou de commencer à se préparer aux études supérieures aussi longtemps à l'avance, mais ça me passionne alors ce sera un vrai plaisir. Et puis il faut dire que pour la philosophie ça m'a plutôt bien réussie, alors pourquoi se priver ? Le 13 février, je commence mes études supérieures, et c'est bien la seule chose qui arrive encore à me motiver. Heureusement que je peux m'accrocher à ce projet (la licence de psychologie), heureusement que les vraies amies sont là, heureusement que Zweig est là, toujours avec moi. 13 février, tu t'es longtemps fait attendre, maintenant il est temps que tu te manifestes. Le 13 février, je commence mes études supérieures.

samedi 19 janvier 2013

Explosion intérieure - partie 2

Et me voilà seule devant une multitude de choix, tiraillée entre le coeur et la raison, perdue parmi les options que me propose la raison et dans l'ignorance des désirs de mon coeur. Je suis plongée dans un tourbillon de pensées et d'idées qui se chevauchent, se battent et disparaissent finalement, leur fragilité les empêchant de lutter suffisamment longtemps pour s'installer définitivement dans mon coeur. Je suis incapable d'évaluer mes capacités : ces aptitudes nécessaires pour réussir les études mais qu'on n'a jamais dû utiliser au lycée sont-elles endormies ou inexistantes ? Un tel néant sépare le lycée des études supérieures, quelles qu'elles soient, que nul ne peut prévoir sa surprenante réussite ou son échec insoupçonné. Des esprits brillants se réveillent, d'autres se fragilisent, nous changeons tous et personne ne peut anticiper les événements à venir.

Cette année de réflexion intense, d'espoirs déçus, de recherche d'une vocation, cette année serait un peu plus tranquille sans les regards désapprobateurs, les comportements qui frôlent l'hypocrisie, les jugements hâtifs et faux ou les reproches déguisés en conseils. Je me sers autant que je peux de ma sensibilité émotionnelle pour analyser les autres, les décortiquer, les observer dans leurs interactions ou dans leur solitude. Dans ce monde de non-dits où les signes ont autant d'importance que les mots, je tente d'interpréter les regards, la voix, le ton ou les gestes, tous ces éléments nécessaires pour compléter les paroles bien souvent insuffisantes à la construction du sens. Je cherche à percer l'enveloppe d'autrui et à mettre à jour ses pensées, pas toutes puisque chacun à le droit à sa part d'intimité, mais du moins celles qui me concernent et qui auraient déjà dû être explicitées ou davantage protégées.
 
Dans ce jeu-là où les sentiments l'emportent sur la raison, où seul mon ressenti peut me permettre de comprendre celui d'autrui, l'erreur est possible et même probable. Quand, selon ma perception du monde et des autres, je devine les non-dits, que j'interprète le sens implicite des phrases volontairement confuses et dénuées d'honnêteté, je m'efforce d'être la plus juste possible, mais rien ne peut m'assurer d'avoir ressenti la vérité. C'est un jeu dangereux car le risque de la mauvaise interprétation est grand. Je me sers de ces analyses émotionnelles afin de saisir la relation qui m'unit à chaque personne, de les réajuster selon son honnêteté, son caractère, son jugement à mon égard, et je distingue le néant qui chez certaines personnes sépare les mots neutres et insignifiants des regards et de la voix porteurs de sens. C'est vrai, j'ai peur de me tromper. S'en remettre ainsi à sa subjectivité et non à sa raison objective, c'est risqué, car il n'y a rien de plus aveuglant qu'un sentiment. A longueur de journée je dois être méfiante à l'égard de moi-même et toujours douter de mes impressions. Je me retrouve confrontée à l'incertitude, je me demande si j'ai commis des erreurs d'interprétation, si ma perception n'a pas été biaisée par mes propres émotions, si au fond je ne m'éloigne pas de la vérité.

Mais je prends le risque. Je n'ai pas d'autre choix, et j'ai la sensation de bien cerner les personnes avec qui je passe un minimum de temps (j'espère simplement que c'est vraiment le cas).
Au moins avec elle, j'ai pris le risque. Je n'ai jamais cherché à connaître son avis et pourtant, elle a voulu me le donner sans pour autant faire preuve d'honnêteté : elle a commencé à me mettre sur la voie et finalement a refusé de m'ouvrir la porte de ses pensées. Le chemin vers l'honnêté et l'explicite m'étant refusé, j'ai changé de direction et je me suis engagée sur la voie des signes. Seule leur interprétation parvient à mettre en lumière les non-dits de ses paroles, alors j'ai tenté de rassembler les mots et les sous-entendus et d'en tirer le sens qu'il fallait. Depuis trois ans que je la connais et qu'elle est mon amie (mais encore faudrait-il s'accorder sur ce terme), j'ai eu le temps de comprendre comment elle fonctionne. Voir son orientation remise en cause par une amie, pour une raison qui m'est finalement restée inconnue car elle a prétendu dévoiler ses pensées sans jamais les révéler vraiment (fine stratégie pour éviter les questions insistantes et que j'ai fait mine de ne pas remarquer), comprendre ou plutôt se rendre compte une énième fois qu'elle avait des milliers de choses à remettre en cause dans ma personnalité, tout comme elle m'a déjà fait comprendre et même dit explicitement que j'étais naïve, je ne l'accepte plus.

A présent il va me falloir réfléchir de nouveau afin d'établir une frontière précise entre camarade et amie, je la croyais dans la deuxième catégorie, elle ne le sait pas mais actuellement elle oscille entre les deux. Amie ou simplement camarade privilégiée.

Ma prof principale ne me voit pas en prépa, cette amie ne me voit pas psychologue. Mais quand est-ce que je leur ai demandé leur avis ? A présent je n'écoute plus. Je n'accepte plus de conseils si ce n'est ceux de ces quelques personnes que j'ai moi-même choisies. Je crois que je vais devoir m'endurcir un peu, pas en étant moins gentille ça non, mais en n'acceptant pas toutes les critiques qu'on pourrait me faire - si subtiles et dénuées de méchanceté ou de mauvaises intentions soient-elles. J'aurais dû faire preuve de plus de caractère face à ma prof principale ou à cette amie-camarade, c'est certainement parce que je me suis un peu effacée qu'elles me trouvent plus naïve que je ne le suis réellement. Il est temps de changer un peu et de m'affirmer davantage. Il est temps de me montrer comme la personne que je suis vraiment et non de laisser une petite partie de ma personnalité à la maison. En tout cas, s'il y a une chose dont je suis sûre, c'est qu'à présent je vais arrêter de laisser ces quelques personnes se placer comme supérieurs à moi et prétendre bien me connaître alors que ce n'est pas le cas.

jeudi 17 janvier 2013

Explosion intérieure - partie 1

Il y a des jours, comme ça, où mon esprit s'éveille. Ils sont rares et imprévisibles, ils sont beaux et brefs, il faut les cueillir, en prendre soin, les faire grandir et les garder aussi longtemps que possible auprès de soi avant qu'ils ne s'évaporent et ne se perdent parmi les milliers d'autres jours égarés. C'est ce que j'ai fait. J'ai veillé autant que j'ai pu sur les moments de joie et d'euphorie comme j'aurais veillé sur un précieux diamant, mais comme je le prévoyais, il m'a été impossible d'empêcher ces sentiments de ne devenir plus que des souvenirs vagues et confus, qui ne se manifestent à la conscience plus que comme des épisodes brefs et lointains. Les émotions autrefois ressenties se sont déguisées en pensées nostalgiques, je peux encore les reconnaître à travers leur déguisement, mais elles n'ont plus le goût de la liberté et du bonheur que je leur connaissais. C'est toujours très naturellement que ces moments disparaissent. Ils me visitent, ils illuminent mes journées, ils s'effacent peu à peu et finissent par s'en aller vers de nouveaux horizons. Ils volent vers une autre conscience ou ils s'évaporent simplement, emmenant avec eux un peu de l'espoir qu'ils avaient apporté. Mais il y a d'autres moments où la nature n'a pas besoin de faire son travail : les autres s'en chargent sans qu'on ne leur ai rien demandé, et ils le font à merveille, ces perfides, comme s'ils étaient nés pour, consciemment ou non, détruire un espoir encore trop fragile pour résister à leurs attaques.
 
Les êtres humains sont souvent incohérents dans leur propos et se contredisent eux-mêmes. Il y a dans leurs paroles un contenu implicite qu'ils veulent à la fois révéler et cacher, croyant finalement que la personne à qui ils s'adressent n'aura rien deviné de leur demi sous-entendus. Manque de bol, madame la prof principale : que vous cherchiez vos mots pendant plusieurs secondes pour ne pas me froisser, que vous preniez le temps de réfléchir pour en dire assez sans en dire trop, tout cela est inutile puisque le contenu implicite de vos paroles est aussi transparent qu'une surface d'eau limpide. Bien sûr il serait un peu ambitieux de ma part de répondre à vos sous-entendus qui pourraient être, je l'admets, sur-interprétés, mais laissez-moi vous dire que vous auriez bien du mal à me duper - car non je ne suis pas aussi naïve que j'en ai l'air. Je vais me contenter de porter mon attention sur ce que vous m'avez explicitement révélé, car ces mots-là sont déjà bien suffisants, indépendamment du ton de votre voix ou de vos regards, pour que je comprenne l'idée que vous vous faites de moi et que vos paroles, bien qu'elles ne m'aient pas étonnée, m'affectent encore aujourd'hui. 
 
Affirmation number one : je risquerais de souffrir en prépa - je travaille énormément. J'avais dit que je ne me contenterais que d'analyser vos paroles explicites, pourtant je peux lire en vous comme un livre ouvert, je propose donc une traduction de votre discours : bons résultats mais insuffisants par rapport au travail que je fournis. Au collège j'aurais ri de ces affirmations tellement éloignées de la réalité mais essentielles pour l'amour propre (et pour les parents). Aujourd'hui, je m'en amuse beaucoup moins. Une idée a germé dans votre esprit, elle vous a convenue, vous vous en êtes accommodée, et vous n'avez plus songé à réajuster votre opinion. Une première révélation pour vous : je suis une parfaite glandeuse. Affirmation number two : j'ai du mal à structurer ma pensée. Soit, mais n'est-ce pas là un défaut qui se corrige au fil du temps et qui s'est déjà effacé un peu depuis mon entrée au lycée ? Vous semblez fière d'avoir repéré un de mes problèmes dont j'avais pourtant déjà bien conscience depuis longtemps. Vous n'avez rien découvert. Alors s'il vous plait, lorsque vous me parlez, aussi gentille que vous puissiez être, ne me jetez pas un regard presque compatissant qui n'a rien de valorisant, n'essayez pas de faire comme si vous aviez compris des problèmes que moi-même j'ignorais. Vous m'avez mal cernée, vous ne connaissez qu'une facette de ma personnalité, vous ne savez pas qui je suis. Et, comble du paradoxe, vous ne cessez de répéter à tous vos élèves d'avoir confiance en eux, mais j'aimerais savoir, m'avez-vous donné une seule raison d'avoir confiance en moi ? "Je vous déconseille la prépa, je vous montre que je vous trouve naïve, mais ayez confiance en vous". C'est bien la logique prof principale ça.
 
La première partie de mon article s'arrête là, la seconde s'inscrit dans la continuité de celle-ci mais le texte était beaucoup trop long pour que j'ose vous le poster en une seule fois. Je mettrai la fin ce week-end.

samedi 12 janvier 2013

"Que répondre ?"

Je réfléchis constamment au comportement à adopter : alors que toutes ces questions ne devraient même pas se poser, elles sont constitutives de ma personnalité et influencent ma relation avec les autres. C'est, au fond, une belle chose que de réfléchir à son comportement. Je veux être vue comme quelqu'un de gentil, et je veux l'être véritablement. C'est bien, oui évidemment, mais tout n'est pas aussi simple. J'en viens à un point où je ne sais plus quels mots choisir, je me demande quelles phrases résonneront le mieux, qu'est-ce que je dois répondre pour combler le silence qui menace de s'installer. Vais-je avoir l'air trop impénétrable ou expressive, les mots que j'aurai choisis seront-ils adaptés ? Comment transformer un ressenti en phrases intelligibles ? Que dire quand je ne sais pas quoi répondre au milieu d'une conversation qui pourtant paraissait si naturelle et spontanée ?

Je me demande quel mot choisir, mais en fait cette question est secondaire : pour choisir le bon mot, encore faut-il avoir d'abord une idée de ce que je pourrais répondre. Et c'est à ce moment précis que le néant s'impose, et qu'est-ce que je le crains ce néant ! Le vide de l'esprit, les mots qui n'arrivent plus à s'introduire dans la conscience, les lèvres qui restent désespérément immobiles. Les pensées se chevauchent, l'esprit s'agite, une question remplace tout le reste : "Que répondre ?". On veut trouver la phrase parfaite sans savoir si elle existe vraiment. Peut-être qu'au fond il n'y a rien à dire pour montrer que je suis toujours là et que j'écoute, mais le silence est encore plus effrayant que les phrases insignifiantes. Dans une conversation il faut bien parler, mais je me demande parfois et même souvent qu'est-ce que je pourrais bien répondre, et pourtant je suis un vrai moulin à paroles. C'est là qu'on remarque à quel point ma personnalité peut être paradoxale."Comment font les autres ?" Quelques mots s'échappent, mais non, ils ne sont pas corrects, ils sonnent faux, ils ne signifient rien, déjà la personne en face de moi ou à l'autre bout du fil pense que je suis étrange. Elle a l'air de le penser, ou alors elle n'a aucune réaction mais ça ne veut pas dire qu'elle ne le pense pas. Et me voilà prisonnière de mes pensées, à me demander si vraiment elle s'est faite une quelconque remarque. Ce que je dis n'est pas naturel, mais il fallait bien répondre quelque chose, n'importe quoi, tout qui pourrait empêcher ce silence pesant et déstabilisant de s'installer.

Quand nos mots sonnent faux, on essaie de trouver des phrases plus naturelles pour remplacer le calme qui s'installe tandis que l'autre attend notre réponse. Nos mots ont été maladroits, on se dit qu'on se rattrapera à la prochaine phrase, mais on n'y croit pas vraiment, et effectivement la phrase suivante paraît tout aussi fausse, décalée par rapport à ce qu'on est, à notre personnalité qui commanderait une autre réponse. Mais laquelle ? Et voilà que l'esprit recommence à s'agiter, et de nouveau la question "Que répondre ?" s'impose sans qu'on ne puisse s'en débarrasser. Que répondre aux phrases les plus banales ou les plus sérieuses, comment, oui comment font les autres ? D'ailleurs ont-ils remarqué mon manque de naturel et mes absences de réponses cohérentes ou spontanées ?

Evidemment, et c'est d'ailleurs pour ça que depuis la primaire j'ai toujours eu du mal à me faire une véritable place dans la classe. Je pense trop, je réfléchis trop, et c'est ça qui me fait douter de mes capacités à exercer un métier qui touche à la psychologie. Si seulement ces questions, qui se posent aussi bien dans les conversations banales que sérieuses, avec des camarades ou des gens qu’on connaît moins, pouvaient disparaître dans les profondeurs de mon inconscient et ne plus jamais se manifester. Que répondre, comment être ? Les bras le long du corps (mais ne vais-je pas paraître stupide ?), croisés (mais ne vais-je pas paraître trop sérieuse ?), faut-il regarder la personne dans les yeux, déplacer mon regard, sourire ou rester impassible ? Chaque mot a un sens, chaque phrase est importante, chaque posture, chaque changement de ton, tout a du sens.

Je voudrais qu'elles disparaissent ces questions, pour pouvoir être plus naturelle, pour que ma gentillesse ne soit pas masquée par elles, pour que mes relations ne soient pas influencées et faussées. J'essaie de ne plus me les poser, de répondre la première chose qui me vient à l'esprit, mais je n'y parviens pas, les questions ne s'en vont pas, les doutes restent. Ce n'est pas que je suis quelqu'un de timide, au fond, c'est juste que je ne sais pas quoi dire. Et pourtant on ne s'en rend pas forcément compte parce que je parle beaucoup, ou du moins on n'a pas "théorisé" le problème, on a juste ressenti qu'il y avait chez moi une attitude parfois étrange (enfin je suppose). La parole est une chose que j'aime profondément, avec mes amis tout va bien, mais dès que j'ai moins l'habitude de parler avec telle personne, ou que je suis inquiète sur ce qu'elle pourrait penser de mes réponses, que j'ai envie qu'elle m'apprécie, ces questions frappent de nouveau. J'aimerais garder les mêmes qualités mais avoir plus d'assurance.

Au fond, si cet élément de ma personnalité est gênant et que je voudrais m'en défaire, il est très loin d'en être à ce stade où il s'agit d'un véritable problème psychologique, relationnel ou que sais-je encore. Je crois qu'en fait je suis comme ça depuis toute petite, j'ai donc eu le temps de m'en accommoder. C'est peut-être la raison qui fait que c'est si difficile à expliquer et que j'ai du mal à mettre par écrit un problème qui ne porte pas de nom. J'exagère, je ne suis pas claire, je ne détaille pas assez tel aspect, mon explication s'éloigne trop de la réalité... Peut-être que oui, peut-être que non, je ne sais pas mais j'ai fait de mon mieux.

jeudi 10 janvier 2013

Bac blanc et orientation

Les résultats du bac blanc sont tombés :
Histoire-géo : 9,8 (13 à la composition, 5 au croquis).
SES : 10,5
Espagnol : 11,25 (13 à l'écrit, 15 à l'oral et 4 à la compréhension orale je suis un génie)
Mathématiques : 15
Philosophie : 15
Spécialité mathématiques : 16
Anglais : 17

Mon avis sur ces résultats :
Un bac blanc médiocre puisque j'ai fait un petit calcul et ça me donne une moyenne d'environ 12,9 ou 13,9 si je compte les notes des épreuves anticipées que j'ai passées l'année dernière. Mais je sais que j'avais mal révisé et qu'au bac je devrais réussir à avoir la mention bien  (en plus j'ai deux options). Petite déception pour l'économie, je pensais avoir mieux réussi que ça (disons 13/20) et je remarque que j'ai beau apprendre mes cours, ça ne sert à rien. Donc je crois que je ne vais pas m'acharner très longtemps à apprendre mes cours sur le bout des doigts pour un même résultat (excepté pour le bac où le changement de correcteur jouera peut-être en ma faveur). Par contre, je suis aux anges pour la philosophie, vraiment. C'est une matière qui compte beaucoup pour moi, que j'aime énormément et c'est donc une véritable fierté pour moi d'avoir réussi à avoir eu 15, surtout qu'après avoir fait une année médiocre en français je n'imaginais pas que j'arriverais à avoir des bonnes notes en dissertation. Ca ne reste qu'une seule note et je peux très bien me planter au prochain DS, mais je reste comblée.
Le point orientation :
Je ne veux plus faire de prépa. Ca vous étonne, vous avez envie de me secouer, c'est tout à fait normal et légitime. Mais maintenant que j'ai un nouveau projet je ne suis plus certaine qu'il faut que je fasse une prépa. Je me laisse encore bien évidemment le temps de réfléchir, mais pour l'instant mon premier choix se tourne vers la psychologie. J'en ai beaucoup parlé avec plusieurs personnes. J'ai donc l'intention de postuler en licence de psychologie et si dans quelques semaines je constate que cette envie est toujours aussi forte, je la mettrai en premier choix sans trop hésiter. Comme UE j'ai le choix entre éducation et société, philosophie ou lettres. Je choisirai philosophie. J'ai entendu tout type d'avis : "Débouchés Esmeralda, débouchés ! Surtout ne fais pas ça, tu cours droit à la catastrophe !" ou "Non
ça ne te convient pas trop trop la psychologie" ou "Si c'est une excellente idée tu as le caractère pour et mieux vaut étudier ce qu'on aime", avec aussi des avis plus nuancés et modérés.
J'ai réfléchi, j'ai choisi, je prends le risque.

lundi 7 janvier 2013

"Je ne vous vois pas du tout en prépa"

C'était une belle matinée de janvier. Le temps était clément et les élèves pouvaient se rendre au lycée sans craindre le froid, la pluie ou la neige. L'ambiance était plutôt légère et les "bonne année" qui s'enchainaient la rendaient plus chaleureuse encore - car bien que ces souhaits soient répétés chaque année avec le même ton presque indifférent, ils arrivent encore à réveiller en nous nos rêves les plus fous, les "bonne année", pendant ces quelques secondes où ils résonnent encore dans nos esprits, apportent la promesse d'une année meilleure que toutes les précédentes. Les désillusions se manifesteront bien assez vite, en attendant ces premiers jours de janvier valent la peine d'être savourés avant qu'ils ne s'échappent et laissent place à la tristesse et à l'angoisse. J'attendais tranquillement que le cours d'accompagnement se terminât tout en discutant avec une amie, sans manquer de lui communiquer ma joie : mes premières notes de bac blanc étaient plus élevées que je ne m'y attendais. J'étais bien partie pour garder le sourire aux lèvres les prochaines heures, mais c'était sans compter l'intervention de ma prof principale qui est aussi ma prof d'économie. Il se trouve que je lui avais envoyé un mail ce week-end pour lui demander d'une part si dans tel lycée la réputation de concurrence excessive entre les élèves et de mauvaise ambiance était fondée, et d'autre part si elle pensait que mon projet de postuler en fac de psychologie était risqué ou me convenait. Je ne savais pas si elle avait déjà lu mon mail, mais à fin du cours elle m'a appelé, le visage un peu trop sérieux - cela ne présageait rien de bon. Elle avait fièrement posé sa tablette sur son bureau et ne pouvait s'empêcher d'y lancer quelques regards.

"Bon alors... J'ai bien vu votre mail.... (Elle avait le mail en question sous les yeux) Mais je ne vous vois pas du tout en prépa"

Je crois qu'à cet instant mon visage s'est décomposé. Je ne lui avais jamais demandé son avis à ce propos et c'est certainement pour cela que je ne m'attendais pas le moins du monde à ce qu'elle me dise ça, et qui plus est de façon aussi directe. *Et c'est maintenant que vous me dites ça ? Je veux faire une prépa depuis, laissez-moi réfléchir, deux ans, et c'est 13 jours avant l'ouverture d'amission post bac que tout à coup, vous me la déconseillez ?* Entre mes questions insistantes pour essayer de comprendre la raison qui la poussait à me dissuader de faire une prépa et ses réponses évasives, cette courte conversation a été tout à fait étrange. Elle ne semblait pas avoir des arguments précis à m'apporter, j'ai donc supposé qu'elle se basait sur l'impression que je lui donnais plus que sur des exemples concrets. D'ailleurs je dois avouer qu'au final son avis ne m'a étonné qu'à moitié, j'ai toujours senti qu'elle me considérait comme quelqu'un de naïf. J'ai insisté, elle m'a finalement laissé entendre que j'étais peut-être trop dans la récitation et pas assez dans la réflexion. "Bon, vous verrez avec votre bac blanc..." a-t-elle lâché sur un ton toujours aussi sérieux *Zut, et moi qui pensais avoir plutôt bien réussi mon bac blanc d'économie". Nous avons parlé quelques instants, pas longtemps parce que nous devions libérer la salle, et après m'avoir dit rapidement qu'elle me voyait bien en fac de psychologie, je lui ai demandé une nouvelle fois pourquoi elle m'imaginait mal en prépa.

"Vous manquez de maturité intellectuelle" a-t-elle finalement déclaré, avant d'ajouter "Mais après vous faites ce que vous voulez, si vous voulez quand même postuler allez-y".

Ma traduction : "Vous êtes bien gentille ma petite mais les élèves naïfs on n’en veut pas en prépa. Si vous voulez ignorer mes conseils, faites, mais je vous aurais prévenue"

(Enfin après tout on m'avait dit la même chose quand j'ai voulu entrer en section européenne et maintenant je m'en sors très bien).

A ce moment précis j'aurais bien voulu lui brandir mon 15 en philosophie pour lui montrer que j'avais beau ne pas être très douée en SES, ce n'était pas le cas dans toutes les matières, et que son "manque de maturité intellectuelle", s'il était vrai pour l'économie (et ça je ne le nie absolument pas, moi et l'actualité ou l'économie ça a toujours fait deux), ce n'était pas nécessairement le cas pour les autres domaines. J'aurais aussi voulu lui montrer les quelques livres que j'avais lus en philosophie - L'existentialisme est un humanisme, Esquisse d'une théorie des émotions, Discours de la méthode, D'un prétendu droit de mentir par humanité - simplement pour lui prouver que non je n'étais pas aussi scolaire qu'elle semblait le penser. Je ne pense pas être quelqu’un d’aussi naïf qu'elle le croit - parce que c'est bien ça la traduction de sa phrase : "Manque de maturité intellectuelle" ça veut clairement sous-entendre que je suis trop naïve. Certes j’ai quelques difficultés en économie, tout comme plein d'autres élèves qui ont des points faibles, certes je suis trop déconnectée de l'actualité, mais ce n'est pas une seule matière qui révèle les capacités d'un élève. Alors oui je vais prendre en compte ses quelques remarques même si j'aurais aimé qu'elle soit un peu plus précise dans ses arguments - après tout, chaque conseil est bon à prendre. Si j'ai toujours déploré mon côté un peu naïf, ça ne reste qu'une partie de moi, une partie plus petite qu'elle ne le pense. Pour le reste, j'ai beau avoir mes difficultés, je progresse chaque jour un peu plus, notamment dans les matières que j'adore comme la philosophie. Peut-être que je devrais retourner lui parler pour en savoir plus, mais je n'ai dans tous les cas pas l'intention de prendre ma décision en fonction de ce qu'elle pense de moi. Je suis capable de m'analyser moi-même et c'est donc à moi de juger si je suis capable ou non de suivre un ou deux ans de prépa. Une dernière chose : je n'ai pas oublié de faire un bilan de mon bac blanc, seulement j'attends d'avoir toutes mes notes.

dimanche 6 janvier 2013

Le calme avant la tempête

Ce matin, lorsque j'ai ouvert les yeux, que j'ai regardé mon réveil indiquant 10h30, le stress a commencé à refaire surface - il m'avait manqué celui-là. Je me rendais compte que c'était ma dernière grasse matinée avant la reprise, j'avais aussi parfaitement conscience que ces deux semaines de vacances étaient presque terminées et que je n'avais aucune envie de remettre les pieds au lycée. Je savais qu'il me restait un DM d'espagnol à terminer (mais ce n'est pas de ma faute, depuis la fin du bac blanc la procrastination me tenait en otage) et que je n'avais strictement rien fait de mes vacances scolairement parlant (en fait je crois que je n'ai jamais été aussi peu productive, j'ai appris 4-5 pages d'histoire... Et c'est tout). Je ne voulais pas me lever, je voulais profiter de ces dernières minutes de paresse heureuse qui m'étaient accordées. Je suis finalement sortie du lit, j'ai chassé ces pensées de mon esprit. Dans la journée j'ai vu de la famille, j'ai conduit un peu (et même que douée comme je suis je suis presque passée au feu rouge après m'être arrêtée brusquement avant de décider - à tort - que c'était plus prudent de redémarrer puisque la voiture allait selon moi s'arrêter trop loin... Oui il me reste des progrès à faire je vous l'accorde), j'ai grignoté un peu (comme d'habitude), j'ai lu des blogs, j'ai regardé Grey's Anatomy, j'ai bouclé mon DM d'espagnol.

Me voilà à présent devant l'ordinateur en train de me balader sur internet. Je suis sereine et, chose étrange la veille d'une rentrée, heureuse. C'est pour cette raison que je me suis retrouvée devant cette page vierge et que j'ai commencé à y écrire quelques mots, pour que demain, quand j'aurai envie de disparaître devant mes notes de bac blanc, je me rappelle que la veille de la rentrée j'étais sereine et pas si déprimée que ça de reprendre les cours. On a souvent trop tendance à n'écrire beaucoup que quand ça va mal, pourtant c'est pour moi tout aussi important d'écrire quand ça va mieux. Ce sont ces souvenirs qui m'aideront à surmonter les difficultés et à ne pas me laisser décourager. Quand ça ira mal, je pourrai relire cet article et me dire que ces instants de déprime ne dureront pas, que j'ai même été capable d'être heureuse la veille d'une rentrée. Je préférerais être encore en vacances, c'est évident. Mais chaque jour qui passe me rapproche un peu plus de l'arrêt des notes, le 13 février, et du soulagement monumental que cela va engendrer. Et, à plus court terme, à défaut d'être contente de retrouver les murs du lycée, je me réjouis de retrouver mes amis. Sur ces mots, je vais vous laisser. Dans quelques jours, j'écrirai un article pour parler de l'effet bénéfique qu'aura eu sur moi les vacances de noël - parce que ça aussi je veux m'en rappeler. Bon courage à vous tous pour votre rentrée.

vendredi 4 janvier 2013

Ma peur véritable

J'aimerais croire qu'en quelques secondes, tout a changé. Que, l'espace d'une nuit, des étincelles se soient animées. Qu'une petite flamme ait brillé, créant en grandissant un espoir qui n'existait pas encore. Qu'un changement se soit opéré, qu'il nous ait ouvert les yeux, qu'il nous ait donné de nouvelles armes pour affronter la vie. Ce n'est pourtant qu'un chiffre qui change, janvier qui revient, et la vie qui continue sa course. Mais, puisqu'on a tous besoin de symboles, je vais considérer que ce simple 2 qui se transforme en 3 est l'occasion de prendre un nouveau départ, de laisser dernière moi cette année éprouvante qu'a été 2012 et de faire en sorte que chaque jour contienne un peu de magie.
Nouvelle année, nouveau départ ? Je me suis pourtant réveillée le premier janvier accompagnée de la même tristesse, de la même joie et des mêmes angoisses ; aussi sensible, aussi émotive, toujours capable de verser des torrents de larmes pour des choses anodines ou de sauter de joie pour des faits presque insignifiants. Je ne sais si cette sensibilité est un cadeau merveilleux ou empoisonné, toujours est-il que cette nuit là, mes craintes n'ont pas disparu. Il y a certaines peurs qui dès ma plus tendre enfance m'ont tourmentée. Jamais pourtant je n'ai saisi ma plume pour me vider le coeur, jamais non plus je n'ai osé en parler, comme si mettre des mots sur mes peurs et les exprimer pouvait les rendre plus vraies encore. Un malaise s'emparait de moi dès que j'envisageais la possibilité de me confier à mes parents, à un ami. Alors, pour ne pas que mes craintes - communes à tout être humain - se propagent tel un puissant virus, pour ne pas être jugée, pour ne pas avoir à y penser plus souvent, la petite fille encore à l'aube de sa vie que j'étais s'est tue. Et pourtant, j'en ai versé, des larmes. Il n'était pas rare que le soir une énorme boule d'angoisse me serre le ventre, me poussant à pleurer encore et encore jusqu'à m'endormir d'épuisement après m'être vidée le corps de ces milliers de larmes qu'il contenait. Seule dans le noir, allongée sur son lit, une petite fille triste et effrayée par l'avenir pleurait. Les minutes passaient mais elle ne s'arrêtait pas. Son visage pourtant finissait par se détendre alors qu'elle s'abandonnait enfin au sommeil et se laissait entraîner dans des mondes oniriques. Au petit matin, quand l'enfant se réveillait, tout était oublié, ses peurs retirées dans un petit coin obscur de sa mémoire. Elle allait mieux, et ce jusqu'à ce qu'une nouvelle crise de larmes, quelques jours, quelques semaines plus tard, se manifestât.
L'objet de cette angoisse, je peux le résumer en un seul mot : séparation. Ma peur véritable, la seule capable d'effrayer une enfant encore naïve et bercée d'illusions puis, dans une moindre mesure, une adolescente qui bientôt découvrira les joies de la majorité. J'étais, et je le suis encore, impuissante face à cette peur que je ne parvenais pas à combattre. Quelles craintes étranges pour quelqu'un qui n'a jamais connu la perte d'un être qui lui est cher ! Des pensées m'envahissaient, des images apparaissaient devant mes yeux clos. Plongeon dans le futur, terrible vision : une Esmeralda ridée, abattue par la vie, anéantie par les pertes successives des êtres aimés et sans espoir de retrouvailles dans un au-delà auquel elle ne croit pas. Seule et sans parents (et voilà que les larmes venaient à cette seule perspective), et les amis d'aujourd'hui depuis bien longtemps perdus de vue. Ces images floues et obscures sont les raisons qui me font craindre la fuite du temps. Souffler ses bougies avec sa famille, ceux qui durant toute mon enfance m'ont aimée et chérie, c'est un merveilleux moment qui marque pourtant la fin d'une année - encore une.

Toutes les séparations m'affectent, des véritables ruptures aux séparations les plus anodines. Je me réjouis de bientôt retrouver telle personne pour noël, telle famille pour le nouvel an, et déjà, alors que le moment de faire la fête ne s'est pas encore manifesté, je pense à celui où je serais contrainte de me me séparer d'eux. Je vis dans le passé, je vis dans le futur. Toujours je vis dans la tristesse anticipée ou le manque de la personne que j'aime tant. J'essaie de chasser ces pensées de mon esprit et de simplement attendre, c'est si difficile pourtant, peut-être que je m'attache trop. Et ces cruelles questions "Quand le reverrai-je, combien de temps, combien de fois ?", elles sont effrayantes ces questions, quand le moment des retrouvailles ne dépend pas uniquement de ma belle volonté.Je déteste l'incertitude, je veux savoir quand je les reverrai, que ce soit dans une semaine ou dans un mois, je veux savoir pour pouvoir m'accrocher à cette idée. Les idées ça aide à tenir, ça soutient le moral souvent affecté par le stress et la déception. Ca soulage, ça rassure.

Je vis très mal toute forme de séparation. Beaucoup se sont étonnés de ma décision sans appel d'étudier dans ma ville au moins les deux prochaines années, sans même considérer les belles opportunités que pourraient m'offrir les universités d'autres villes. Mais je ne peux pas. Quitter du jour au lendemain mes amis, ma famille, mon environnement, c'est plus que je ne pourrai le supporter. Un jour j'aurai gagné suffisamment de maturité pour prendre mon envol, mais aujourd'hui je suis encore trop fragile. D'autant plus que d'autres questions se posent déjà : Quelles relations vont se défaire ? Arriverai-je à préserver celles qui comptent le plus que moi ? Comment vais-je vivre l'absence des amis qui l'année prochaine étudieront dans une autre ville ?

Oui, je vis très mal toute forme de séparation. C'est triste, mais c'est aussi le plus beau. N'est-ce pas merveilleux d'avoir dans son entourage un certain nombre d'êtres qui nous sont assez chers pour que les larmes nous viennent de ne pas les voir suffisamment ? Je ne peux que les remercier mille fois pour cela. Alors, même si une partie d'entre eux ne verront jamais mon message, je remercie très fort ceux qui font que la vie est si belle, la famille, les amis. Et j'envoie également des remerciements virtuels à vous qui me lisez, qui écrivez, qui par les mots arrivent à me réconforter un peu lorsque je suis triste, et qui me donnent des conseils. Une relation virtuelle ne remplacera jamais une vraie relation, mais pourtant quel monde merveilleux c'est ! Merci, merci profondément à vous tous.