samedi 30 juillet 2016

La scoliose ne dit jamais son dernier mot

Parfois, lorsqu’elle me laisse souffler quelque temps, je la crois éloignée de moi. Je fais quelques étirements, tout en cachant ma souffrance passée au fond de ma mémoire. Je pleure quelques fois de cette trace qu’elle a laissée, cette omoplate trop épaisse, visible et pointue qui me complexe tant, mais au moins la douleur physique est loin.

Jusqu’au jour où elle ressurgit tout à coup et m’entraîne dans un tourbillon de douleurs quotidiennes. Pas des douleurs intenses. Mais une douleur constante et qui s’intensifie au cours de la journée. Parfois, mon cou se crispe à tel point que même les étirements n’y peuvent plus rien, il n’y a plus qu’à attendre le lendemain.

J’ai mal au boulot. J’ai mal malgré la chaise de bureau que mon collègue m’avait laissée. J’ai mal d’être assise devant un ordinateur, à constater la dégradation de mon état et de ma posture au fil de ma journée.

A 19h, je me retrouve épuisée, dépitée, presque déprimée. La journée m’a achevée. Ce n’est pas une fatigue de sommeil, de travail ou de saturation. C’est un épuisement de scoliose qui me donne envie de tout envoyer valser, d’abandonner de ce pas mon écran, de filer chez moi m’allonger par terre, les jambes contre le mur, pour me lancer dans un étirement qui me soulage sur le moment.

Je mentirais si je disais que ces jours-là, le soir, il n’y a pas de petite amélioration. Après les étirements, je suis encore crispée mais ça va un peu mieux malgré tout, et lorsque je descends manger avec mes amies, j’oublie un peu toutes ces tensions. Ce n’est pas la grande détente mais ça va.

La vie idéale avec ma scoliose, ce serait de bouger pas mal. Un peu assise, puis marcher, bouger, faire du sport, lire sur un canapé, écrire à un bureau mais pas toujours devant un écran. Parler à des gens. Mais rien de ce que je risque de faire toute ma vie et que je redoute, un travail derrière un écran, et l’attente, impuissante, de la douleur.

La scoliose pourrait se supporter au quotidien si l’on n’était pas contraint de rester assis devant un écran. Quoique même en dehors de ce contexte, je me rends parfois compte de son côté handicapant. J’ai du mal à lire dans un café ou une librairie parce que ma posture me crispe très vite. 

Je vais essayer de renforcer les étirements, de mieux les faire, parce qu’il n’y a que ça qui peut me soulager. Mais je sais que la scoliose plannera toujours sur moi, comme une ombre qui me guetterait à chaque instant. Un petit étirement en moins, et elle me plonge dessus.

Je suis épuisée de ça alors que j’avais réussi, cette année, à acquérir une belle vitalité. La scoliose et cette pêche quotidienne sont dans un conflit violent, et j’ai peur de l’issue du combat.

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