mercredi 7 juin 2017

S'il te plaît, réveille-toi (1/37)

C'est toujours étrange pour moi de revenir ici. A chaque fois que je commence à croire que cette fois, c'est vraiment la fin de mon blog, une force me pousse à y revenir. Tant mieux, aujourd'hui, j'ai de nouveau besoin de lui. Mon cerveau est menacé de "larvification", cet étrange processus qui le conduit progressivement à l'état de larve ou de légume à mesure que la paresse s'installe en lui. A force de ne plus réfléchir à grand-chose, ou toujours aux mêmes sujets, à cause de mon manque de curiosité contre lequel je n'arrive pas toujours à lutter, à cause de ces pensées que je ressasse et qui tournent en rond dans ma tête (pas forcément négatives, mais désespérément lassantes et responsables de mon enfermement intérieur) et m'écartent de tout sujet non directement relié à l'introspection ou au fonctionnement interne en général, j'ai l'impression de progressivement perdre mes capacités de réflexion. 

Cela conduit à des situations très désagréables où j'assiste à une discussion très intéressante, mais je suis incapable de sortir plus que de simples banalités. J'ai mis ça sur le compte de différents problèmes :

- Mon manque de culture. Evidemment, sans culture, la discussion ne pourra pas aller bien loin. Ce manque de culture est lié d'une part à un manque de curiosité sur plein de sujets, d'autre part au fait que j'ai l'impression que ma mémoire dysfonctionne. Je n'ose plus lire beaucoup de choses, parce que c'est souvent comme si je n'avais jamais rien lu (ou presque). Il faudrait que je prenne des notes, mais ça gâche ma lecture. Il faudrait que je fasse l'effort de réfléchir à chaque fois que je lis quelque chose, que je trouve des champs d'application des analyses que l'on m'a proposées, mais je n'ai pas eu le courage non plus. Si on ajoute à ce souci de mémoire le fait que la structure de mes pensées pourrait se résumer à un chaos sans fond (elles vont dans tous les sens, elles viennent quand elles veulent, aucun système de rangement interne), on comprendra d'où vient mon manque de culture. Un dernier élément peut venir perturber le tout : les pensées existentielles du type "à quoi bon ? De toute façon on va tous mourir un jour" (des pensées fort joyeuses, on est d'accord). En vérité, ce n'est pas aussi clair dans ma tête quand je bloque face à la connaissance, mais c'est une pensée vague, diffuse, qui reste néanmoins perturbante. Mais je crois que finalement, mon plus grand blocage, c'est l'oubli, l'impression qu'il faudra indéfiniment relire et réapprendre les mêmes choses, que tout ça ne s'inscrira pas "en moi" pour me nourrir mais restera toujours extérieur. J'aimerais absorber tous ces systèmes philosophiques ou psychologiques, toutes ces pensées, mais je n'arrive ni à les ranger, ni à les retenir d'une manière qui puisse me plaire. 

- L'énorme hétérogénéité de mes capacités de réflexion entre l'écrit et l'oral. Je sais écrire, je sais parler et pourtant, mes réflexions ne peuvent naître que par écrit. C'est comme si les capacités de "contenant" de mon cerveau étaient trop limitées pour contenir suffisamment bien les pensées qui me viennent, et construire une réflexion qui soit plus que des pensées prises au vol. Ca, c'est mon analyse, mais dans les faits, le constat est très simple : à l'écrit, avec un minimum de temps, je peux développer une réflexion intéressante sur divers sujets, même avec peu de culture ; à l'oral, quand je discute avec quelqu'un, j'ai plutôt l'air d'une abrutie. Et ce n'est pas une question de temps de réflexion. Même si on me donnait quelques minutes à chaque fois, je serais incapable de développer quoi que ce soit dans ma tête, sans support écrit. Ou alors il faudrait déjà que j'aie réfléchi au sujet un certain nombre de fois, jusqu'à ce qu'il fasse partie de moi (mais pour ça, il faut beaucoup de temps, et ce n'est pas dit que tout ne disparaisse pas). Toutes les réflexions que j'ai dans ma tête ne veulent désespérément pas se structurer, se construire et revenir au bon moment. J'ai l'impression de n'être capable de réfléchir que par écrit.

- Du mal à réfléchir devant quelqu'un.

- Une motivation et une humeur fluctuantes. Ca m'empêche de déployer une quelconque stratégie pour progresser. Je pourrais me dire "je vais travailler un peu tous les soirs la philosophie morale", et puis ma motivation, très forte au départ, va s'essouffler et être remplacée par une grande lassitude. Vite, il faudra changer de sujet d'intérêt, je voudrais tout savoir, mais mes envies changent constamment, et ma motivation avec.

Cela provoque ce phénomène très désagréable où j'ai l'impression que mon potentiel (qui est ce qu'il est) est complètement inhibé et où ma réflexion pourrait être plus intéressante et profonde que les absurdités et lieux communs que je suis capable de sortir sans que cela ne fasse avancer la discussion.

L'autre jour, j'ai passé un entretien qui s'est très heureusement très bien passé, mais lorsque l'on m'a demandé ce que je lisais, je n'ai même pas pensé à parler de la psychologie, alors que j'aurais eu plein de choses à dire. C'est comme si face à quelqu'un, mon flux de pensées m'était inaccessible, ou accessible de façon très restreinte. Peut-être aussi est-ce dû au stress (relatif stress, on ne peut pas dire que j'étais particulièrement paniquée). Mais c'est précisément un élément problématique à souligner : en dehors de mes amis vraiment proches, j'ai très souvent une forme de stress lié à ma peur de ne pas avoir de choses intéressantes à dire. 

Bref, tous ces éléments sont terriblement frustrants. Je n'arrive plus à savoir si mes capacités intellectuelles me limitent dans le développement de certaines réflexions, ou si j'ai simplement un potentiel endormi, qui pourrait se réveiller si je trouve un moyen de surmonter tous ces éléments de blocage. Les études en prépa étaient, de ce point de vue, une situation plus confortable où l'on me forçait à faire marcher mon cerveau. Aujourd'hui je dois faire des efforts pour ne pas tendre vers la gogolitude.

Je veux donc essayer de me stimuler de nouveau le cerveau, et le moyen le plus paisible que j'ai trouvé pour le faire, c'est d'écrire et de réfléchir ici. A mon stage en ce moment je n'ai pas grand chose à faire, j'ai donc le temps, pendant la journée, d'écrire un article. Je ne sais pas encore de quoi je parlerai, mais j'aimerais essayer de poster un article par jour jusqu'aux vacances, le 13 juillet. 37 jours. Au vu de mes précédents échecs dans ce genre de défi, je ne m'engagerai pas, mais je vais essayer d'y arriver quand même.

A demain donc !

3 commentaires:

  1. Je peux totalement comprendre cet état végétatif, où on a l'impression de perdre ses capacités de réflexions. Parfois on est tellement pris par la vie, les amis, le travail, que l'on n'a plus le temps de penser correctement. Depuis le début de ma vie "d'adulte", me concentrer sur un livre ou un article de journal m'est difficile. Mais sans ces sources infinies de culture, je ne sens vraiment paresseuse, tout comme toi. C'est très frustrant d'avoir un "attention span" de 2 minutes.

    Une des causes principales de ce problème est clairement reliée à l'omniprésence des réseaux sociaux dans nos vie. On passe nos journées à rafraîchir la page, à regarder des vidéos de 30 secondes où à lire des mini-articles insignifiants. Et à la fin de la journée, qu'avons-nous appris? Rien. On ne fait que passer le temps.

    J'espère pour toi que tu vas réussir le défi que tu t'es lancée!

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    1. C'est exactement ça ! Et puis les centres d'intérêt qui ne sont pas toujours intellectuels : j'en ai eu marre de lire pour tout oublier (mon cerveau est une véritable passoire), au contraire je fais de la musique et c'est beaucoup plus reposant et agréable ! Et j'ai le même problème pour la concentration sur un livre ou un journal. Alors que je suis capable d'être énormément concentrée quand je travaille le chant, ou que j'écris. Toi aussi ?

      Je suis d'accord, on s'interrompt beaucoup avec les réseaux sociaux, et on perd l'habitude de la longueur et de la longue concentration. Mais est-ce que ce ne serait pas aussi lié au fait qu'on travaille moins ? Enfin je ne sais pas où tu en es dans tes études / ta vie professionnelle, mais moi depuis la fin de ma prépa je ne fais plus grand-chose pour les études donc mes capacités font "plouf".

      C'est raté pour le défi, mais je ne laisse pas tomber l'écriture d'articles de temps à autre haha ! Merci beaucoup en tout cas !

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  2. Alors peut-être que le chant et l'écriture sont des passions beaucoup plus imposantes pour toi! J'étudie en piano et composition en ce moment, et c'est pareil que toi: je peux passer deux heures sur un morceaux et oublier la notion du temps. Alors que pour un livre, il doit être SACRÉMENT bon hahaha!

    C'est sûr que l'aspect des vacances scolaires est à prendre en considération. À chaque fois que je finis une semaine d'examens, mon cerveau devient en état végétatif pour deux/trois jours et j'oublie tout à la vitesse de l'éclair!

    Ce n'est pas bien grave de rater un défi, tant que tu continues à écrire quand même! c:

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