Vers 1984

J'ai l'impression que nous sommes de plus en plus espionnés. C'est la remarque que je me suis faite tout à l'heure, alors que j'étais en train de créer une adresse gmail et que Google m'a demandé mon numéro de portable pour envoyer le code de validation. Je n'avais que deux choix possibles : recevoir un appel ou un sms, on ne me proposait pas de m'envoyer le code par mail à une autre adresse. Google prétend qu'il ne se servira jamais de ces numéros, j'en doute fortement. Je pense plutôt qu'il garde tous ses numéros bien au chaud jusqu'au moment où il pourrait en avoir besoin.

Bien sûr, n'oublions pas facebook, qui garde absolument toutes nos données, ce dont les patrons qui veulent surveiller de très près leurs employés pourraient se servir, d'ailleurs. Conversations, photos, amis, facebook garde tout. On aura beau supprimer son compte, les informations déjà données ne seront pas détruites. De mon côté, mieux vaut qu'on ne tombe pas sur les conversations que j'ai eues au collège, dans lesquelles j'ai parfois fait preuve de méchanceté et même de vulgarité (ce qui n'est plus le cas aujourd'hui).

Et puis, bien évidemment, il y a les téléphones qui s'amusent à communiquer l'endroit ou nous nous trouvons. Après je crois qu'on peut désactiver la localisation, mais je n'en suis pas sure. Toujours est-il que l'autre jour, c'est avec stupéfaction que j'ai aperçu, sur ma page facebook "E était à tel endroit tel jour". Je ne sais pas comment cette information s'est retrouvée sur internet, je ne l'ai en tout cas pas mise volontairement.

Tout ça pour dire que j'ai comme un mauvais pressentiment quant à notre liberté future. Pour l'instant, la situation n'est pas catastrophique, mais j'ai l'impression que cela va empirer et que de plus en plus, nous serons espionnés, nous n'aurons plus aucun moyen de ne pas être surveillés.

Tout doucement, sans que personne ne s'en rende vraiment compte, nous glisserons vers une société ou on contrôlera nos moindre faits et gestes. Combien de temps nous faudra-t-il avant que nous soyons contraints, comme dans 1984, d'avoir des télécrans dans nos maisons ? Je ne pense pas qu'une situation aussi extrême s'installera, mais j'ai peur que nous ayons de moins en moins de liberté d'agir et que la crainte d'être constamment surveillés nous poursuive.

Et, à côté de ça, on ne peut pas enregistrer quelqu'un à son insu et s'en servir comme preuve au tribunal (je ne m'y connais pas vraiment en droit mais je crois qu'une telle loi exite bien), loi que je ne comprendrai jamais : si, par exemple, une femme est victime de harcèlement sexuel, elle aura plus de mal à le prouver si elle ne peut pas enregistrer la personne en question. Ou si, par hasard, un criminel m'avouait le meurtre de plusieurs personnes, la loi me punirait de l'avoir enregistré alors que j'aurais pu permettre l'arrestation d'un criminel qui aurait fait d'autres victimes.

Ainsi, d'un côté nous sommes plus ou moins espionnés, mais de l'autre on ne peut pas le faire nous-mêmes quand cela s'avère indispensable.

Voilà les réflexions qui m'accompagnent de temps à autre.