samedi 19 janvier 2013

Explosion intérieure - partie 2

Et me voilà seule devant une multitude de choix, tiraillée entre le coeur et la raison, perdue parmi les options que me propose la raison et dans l'ignorance des désirs de mon coeur. Je suis plongée dans un tourbillon de pensées et d'idées qui se chevauchent, se battent et disparaissent finalement, leur fragilité les empêchant de lutter suffisamment longtemps pour s'installer définitivement dans mon coeur. Je suis incapable d'évaluer mes capacités : ces aptitudes nécessaires pour réussir les études mais qu'on n'a jamais dû utiliser au lycée sont-elles endormies ou inexistantes ? Un tel néant sépare le lycée des études supérieures, quelles qu'elles soient, que nul ne peut prévoir sa surprenante réussite ou son échec insoupçonné. Des esprits brillants se réveillent, d'autres se fragilisent, nous changeons tous et personne ne peut anticiper les événements à venir.

Cette année de réflexion intense, d'espoirs déçus, de recherche d'une vocation, cette année serait un peu plus tranquille sans les regards désapprobateurs, les comportements qui frôlent l'hypocrisie, les jugements hâtifs et faux ou les reproches déguisés en conseils. Je me sers autant que je peux de ma sensibilité émotionnelle pour analyser les autres, les décortiquer, les observer dans leurs interactions ou dans leur solitude. Dans ce monde de non-dits où les signes ont autant d'importance que les mots, je tente d'interpréter les regards, la voix, le ton ou les gestes, tous ces éléments nécessaires pour compléter les paroles bien souvent insuffisantes à la construction du sens. Je cherche à percer l'enveloppe d'autrui et à mettre à jour ses pensées, pas toutes puisque chacun à le droit à sa part d'intimité, mais du moins celles qui me concernent et qui auraient déjà dû être explicitées ou davantage protégées.
 
Dans ce jeu-là où les sentiments l'emportent sur la raison, où seul mon ressenti peut me permettre de comprendre celui d'autrui, l'erreur est possible et même probable. Quand, selon ma perception du monde et des autres, je devine les non-dits, que j'interprète le sens implicite des phrases volontairement confuses et dénuées d'honnêteté, je m'efforce d'être la plus juste possible, mais rien ne peut m'assurer d'avoir ressenti la vérité. C'est un jeu dangereux car le risque de la mauvaise interprétation est grand. Je me sers de ces analyses émotionnelles afin de saisir la relation qui m'unit à chaque personne, de les réajuster selon son honnêteté, son caractère, son jugement à mon égard, et je distingue le néant qui chez certaines personnes sépare les mots neutres et insignifiants des regards et de la voix porteurs de sens. C'est vrai, j'ai peur de me tromper. S'en remettre ainsi à sa subjectivité et non à sa raison objective, c'est risqué, car il n'y a rien de plus aveuglant qu'un sentiment. A longueur de journée je dois être méfiante à l'égard de moi-même et toujours douter de mes impressions. Je me retrouve confrontée à l'incertitude, je me demande si j'ai commis des erreurs d'interprétation, si ma perception n'a pas été biaisée par mes propres émotions, si au fond je ne m'éloigne pas de la vérité.

Mais je prends le risque. Je n'ai pas d'autre choix, et j'ai la sensation de bien cerner les personnes avec qui je passe un minimum de temps (j'espère simplement que c'est vraiment le cas).
Au moins avec elle, j'ai pris le risque. Je n'ai jamais cherché à connaître son avis et pourtant, elle a voulu me le donner sans pour autant faire preuve d'honnêteté : elle a commencé à me mettre sur la voie et finalement a refusé de m'ouvrir la porte de ses pensées. Le chemin vers l'honnêté et l'explicite m'étant refusé, j'ai changé de direction et je me suis engagée sur la voie des signes. Seule leur interprétation parvient à mettre en lumière les non-dits de ses paroles, alors j'ai tenté de rassembler les mots et les sous-entendus et d'en tirer le sens qu'il fallait. Depuis trois ans que je la connais et qu'elle est mon amie (mais encore faudrait-il s'accorder sur ce terme), j'ai eu le temps de comprendre comment elle fonctionne. Voir son orientation remise en cause par une amie, pour une raison qui m'est finalement restée inconnue car elle a prétendu dévoiler ses pensées sans jamais les révéler vraiment (fine stratégie pour éviter les questions insistantes et que j'ai fait mine de ne pas remarquer), comprendre ou plutôt se rendre compte une énième fois qu'elle avait des milliers de choses à remettre en cause dans ma personnalité, tout comme elle m'a déjà fait comprendre et même dit explicitement que j'étais naïve, je ne l'accepte plus.

A présent il va me falloir réfléchir de nouveau afin d'établir une frontière précise entre camarade et amie, je la croyais dans la deuxième catégorie, elle ne le sait pas mais actuellement elle oscille entre les deux. Amie ou simplement camarade privilégiée.

Ma prof principale ne me voit pas en prépa, cette amie ne me voit pas psychologue. Mais quand est-ce que je leur ai demandé leur avis ? A présent je n'écoute plus. Je n'accepte plus de conseils si ce n'est ceux de ces quelques personnes que j'ai moi-même choisies. Je crois que je vais devoir m'endurcir un peu, pas en étant moins gentille ça non, mais en n'acceptant pas toutes les critiques qu'on pourrait me faire - si subtiles et dénuées de méchanceté ou de mauvaises intentions soient-elles. J'aurais dû faire preuve de plus de caractère face à ma prof principale ou à cette amie-camarade, c'est certainement parce que je me suis un peu effacée qu'elles me trouvent plus naïve que je ne le suis réellement. Il est temps de changer un peu et de m'affirmer davantage. Il est temps de me montrer comme la personne que je suis vraiment et non de laisser une petite partie de ma personnalité à la maison. En tout cas, s'il y a une chose dont je suis sûre, c'est qu'à présent je vais arrêter de laisser ces quelques personnes se placer comme supérieurs à moi et prétendre bien me connaître alors que ce n'est pas le cas.

6 commentaires:

  1. Tu sais, l'année dernière j'ai vu une conseillère d'orientation qui m'a presque donné l'injonction de ne pas m'inscrire en prépa sous prétexte que je voulais faire ça par passion sans avoir encore de projet professionnel défini. Elle me disait que ce serait impossible de tenir si je n'avais pas de "motivation derrière" et j'avais beau lui répéter que la seule motivation possible à mon sens était ma passion des livres, on ne parlait pas le même langage. Et aujourd'hui, si je la croisais dans la rue je lui dirais que je fais mes études par passion, merde, et que ça marche ! Du coup, je dois vraiment te le dire : n'écoute jamais les autres pour ce genre de choses. Bien sûr, il faut savoir demander conseil, mais quand tu sens qu'un fossé te sépare de la personne à qui tu parles, c'est même pas la peine. Si tu sens que tu es faite pour quelque chose, seul le fait de te lancer (en ayant réfléchi par toi même et éventuellement avec les gens qui te connaissent vraiment) confirmera ou non ton pressentiment. Pas les discours de gens qui ne savent pas qui tu es.

    Allez, bon courage, la question de l'orientation c'est vraiment angoissant, mais est-ce que cela n'a pas quelque chose d'exaltant ?

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    1. Et ben pas gênée ta conseillère d'orientation ! Y aller par passion je trouve que c'est génial (et c'est aussi pour ça que j'irais si je le faisais), c'est même plus simple de tenir ensuite selon moi puisque la passion est toujours là alors que si on vise les concours, devant leur difficulté on peut très facilement se décourager. Je ne pense pas que les conseillers soient d'une quelconque utilité pour moi d'ailleurs, c'est pour ça que je ne suis jamais allée en voir. Et au fond, tu as raison, je n'écoute que les personnes qui me connaissent vraiment. Et je le sens tout de suite si la personne m'a mal cernée (comme ma prof principale et cette amie).

      L'orientation, c'est tellement difficile que je ne trouve pas ça si exaltant malheureusement. Et puis, une fois qu'on tient enfin un projet (donc en ce moment la psychologie pour moi), c'est encore plus dur d'attendre, je voudrais déjà avoir terminé le lycée et être en septembre !

      Merci pour ton commentaire, bon courage à toi aussi !

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  2. Bonjour Eva,
    Belle initiative que cet océan des émotions.
    Reste fidèle à ce que tu es, et continue d'activer ton discernement comme tu le fais.
    Je me permets de te tutoyer, en toute bienveillance,(j'ai deux filles de 22 et 24 ans) et je suis touchée par ta sincérité, ton authenticité et cette richesse que tu exprimes de toi-même en toute simplicité.
    Je me permets aussi de te faire une suggestion, pour clarifier les choses en toi et trouver ton orientation.
    Interroge-toi sur tes valeurs profondes, ce que tu aimes, ce qui est vraiment important pour toi. Respire profondément, calme tes pensées, et écris comme ça arrive, sans réfléchir vraiment, fais confiance à ton intuition
    Liste ces valeurs, et ordonne-les.
    Plus tu vis en accord avec tes valeurs profondes, plus tu te découvres toi-même un peu plus chaque jour.
    Il n'y a que toi pour savoir qui tu es vraiment, et un interlocuteur quel qu'il soit te donne seulement son interprétation des choses, il ou elle te dit ce qu'il ou elle perçoit de toi à travers ses propres filtres.
    L'influence du regard de l'autre peut parfois "t'écarter" de tes propres aspirations. Ce n'est pas toujours facile, mais vivre en accord avec ton ressenti intérieur, et aller là où la vie t'appelle, là où tu sens que c'est bon pour toi, est le meilleur chemin.
    J'ai confiance dans la "nouvelle génération" qui sait appréhender les conditionnements et en sortir.
    Une chose encore, une décision est révocable. Tu peux choisir une voie, et décider d'en changer plus tard. Chaque expérience te nourrit de quelque chose, t'apprend quelque chose. Il n'y a pas vraiment de bon ou de mauvais choix, chaque choix est à conséquences, et l'essentiel est de trouver les ressources en soi pour les assumer.
    Je te souhaite une belle journée, garde confiance en toi, et écoute tes émotions, tes ressentis. Notre corps ne triche pas, et les messages qu'il nous donne sont précieux.

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    1. Bonjour,
      Je me permets aussi de te tutoyer, sur internet je trouve que c'est plus sympathique.
      Merci pour ton commentaire et pour les remarques que tu as faites relatives à moi et à mon blog.
      "il ou elle te dit ce qu'il ou elle perçoit de toi à travers ses propres filtres" Cette phrase est parfaite pour illustrer la situation. Merci de tes réflexions et de tes conseils, ce que tu me dis me paraît très juste et mérite que je garde toujours ces mots à l'esprit.

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