samedi 12 janvier 2013

"Que répondre ?"

Je réfléchis constamment au comportement à adopter : alors que toutes ces questions ne devraient même pas se poser, elles sont constitutives de ma personnalité et influencent ma relation avec les autres. C'est, au fond, une belle chose que de réfléchir à son comportement. Je veux être vue comme quelqu'un de gentil, et je veux l'être véritablement. C'est bien, oui évidemment, mais tout n'est pas aussi simple. J'en viens à un point où je ne sais plus quels mots choisir, je me demande quelles phrases résonneront le mieux, qu'est-ce que je dois répondre pour combler le silence qui menace de s'installer. Vais-je avoir l'air trop impénétrable ou expressive, les mots que j'aurai choisis seront-ils adaptés ? Comment transformer un ressenti en phrases intelligibles ? Que dire quand je ne sais pas quoi répondre au milieu d'une conversation qui pourtant paraissait si naturelle et spontanée ?

Je me demande quel mot choisir, mais en fait cette question est secondaire : pour choisir le bon mot, encore faut-il avoir d'abord une idée de ce que je pourrais répondre. Et c'est à ce moment précis que le néant s'impose, et qu'est-ce que je le crains ce néant ! Le vide de l'esprit, les mots qui n'arrivent plus à s'introduire dans la conscience, les lèvres qui restent désespérément immobiles. Les pensées se chevauchent, l'esprit s'agite, une question remplace tout le reste : "Que répondre ?". On veut trouver la phrase parfaite sans savoir si elle existe vraiment. Peut-être qu'au fond il n'y a rien à dire pour montrer que je suis toujours là et que j'écoute, mais le silence est encore plus effrayant que les phrases insignifiantes. Dans une conversation il faut bien parler, mais je me demande parfois et même souvent qu'est-ce que je pourrais bien répondre, et pourtant je suis un vrai moulin à paroles. C'est là qu'on remarque à quel point ma personnalité peut être paradoxale."Comment font les autres ?" Quelques mots s'échappent, mais non, ils ne sont pas corrects, ils sonnent faux, ils ne signifient rien, déjà la personne en face de moi ou à l'autre bout du fil pense que je suis étrange. Elle a l'air de le penser, ou alors elle n'a aucune réaction mais ça ne veut pas dire qu'elle ne le pense pas. Et me voilà prisonnière de mes pensées, à me demander si vraiment elle s'est faite une quelconque remarque. Ce que je dis n'est pas naturel, mais il fallait bien répondre quelque chose, n'importe quoi, tout qui pourrait empêcher ce silence pesant et déstabilisant de s'installer.

Quand nos mots sonnent faux, on essaie de trouver des phrases plus naturelles pour remplacer le calme qui s'installe tandis que l'autre attend notre réponse. Nos mots ont été maladroits, on se dit qu'on se rattrapera à la prochaine phrase, mais on n'y croit pas vraiment, et effectivement la phrase suivante paraît tout aussi fausse, décalée par rapport à ce qu'on est, à notre personnalité qui commanderait une autre réponse. Mais laquelle ? Et voilà que l'esprit recommence à s'agiter, et de nouveau la question "Que répondre ?" s'impose sans qu'on ne puisse s'en débarrasser. Que répondre aux phrases les plus banales ou les plus sérieuses, comment, oui comment font les autres ? D'ailleurs ont-ils remarqué mon manque de naturel et mes absences de réponses cohérentes ou spontanées ?

Evidemment, et c'est d'ailleurs pour ça que depuis la primaire j'ai toujours eu du mal à me faire une véritable place dans la classe. Je pense trop, je réfléchis trop, et c'est ça qui me fait douter de mes capacités à exercer un métier qui touche à la psychologie. Si seulement ces questions, qui se posent aussi bien dans les conversations banales que sérieuses, avec des camarades ou des gens qu’on connaît moins, pouvaient disparaître dans les profondeurs de mon inconscient et ne plus jamais se manifester. Que répondre, comment être ? Les bras le long du corps (mais ne vais-je pas paraître stupide ?), croisés (mais ne vais-je pas paraître trop sérieuse ?), faut-il regarder la personne dans les yeux, déplacer mon regard, sourire ou rester impassible ? Chaque mot a un sens, chaque phrase est importante, chaque posture, chaque changement de ton, tout a du sens.

Je voudrais qu'elles disparaissent ces questions, pour pouvoir être plus naturelle, pour que ma gentillesse ne soit pas masquée par elles, pour que mes relations ne soient pas influencées et faussées. J'essaie de ne plus me les poser, de répondre la première chose qui me vient à l'esprit, mais je n'y parviens pas, les questions ne s'en vont pas, les doutes restent. Ce n'est pas que je suis quelqu'un de timide, au fond, c'est juste que je ne sais pas quoi dire. Et pourtant on ne s'en rend pas forcément compte parce que je parle beaucoup, ou du moins on n'a pas "théorisé" le problème, on a juste ressenti qu'il y avait chez moi une attitude parfois étrange (enfin je suppose). La parole est une chose que j'aime profondément, avec mes amis tout va bien, mais dès que j'ai moins l'habitude de parler avec telle personne, ou que je suis inquiète sur ce qu'elle pourrait penser de mes réponses, que j'ai envie qu'elle m'apprécie, ces questions frappent de nouveau. J'aimerais garder les mêmes qualités mais avoir plus d'assurance.

Au fond, si cet élément de ma personnalité est gênant et que je voudrais m'en défaire, il est très loin d'en être à ce stade où il s'agit d'un véritable problème psychologique, relationnel ou que sais-je encore. Je crois qu'en fait je suis comme ça depuis toute petite, j'ai donc eu le temps de m'en accommoder. C'est peut-être la raison qui fait que c'est si difficile à expliquer et que j'ai du mal à mettre par écrit un problème qui ne porte pas de nom. J'exagère, je ne suis pas claire, je ne détaille pas assez tel aspect, mon explication s'éloigne trop de la réalité... Peut-être que oui, peut-être que non, je ne sais pas mais j'ai fait de mon mieux.

9 commentaires:

  1. Waw. Eva, il faut vraiment que tu arrives à t'empêcher de réfléchir autant à ce que pensent les gens. Dans une moindre mesure, je pense que la plupart des gens sont un peu comme toi avec les personnes qui ne nous sont pas proches, mais bon toi c'est vraiment pire que la normale.

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    1. Peut-être que j'en ai fait un peu trop dans mon article, pour montrer le mieux que je pouvais ce que je ressentais. Cela dit je n'y peux pas grand-chose si je me pose autant de questions, ça a toujours été comme ça je crois (on ne peut pas "s'empêcher" de réfléchir à quelque chose ça se fait tout seul).

      Mais bon en même temps ce n'est pas inutile, ça m'évite de balancer des phrases irréfléchies et qui pourraient manquer de tact (l'année dernière une amie de collège a rencontré mes amies de lycée et elle leur a redit ce que je lui avais raconté sur elles, rien de compromettant mais c'était très maladroit ("ah oui c'est toi qui es de droite !" ou "c'est pas lui que tu trouvais trop sympa ?" alors qu'il est à côté). Au moins le fait que je réfléchisse beaucoup m'empêche de faire des gaffes et ça m'aide sûrement à mieux comprendre les gens.

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  2. Bonsoir Eva,
    Hypersensibilité, hyper efficience mentale, je te recommande le livre de Cristel Petitcolin "je pense trop". Elle parle de cette population HPE/HPI (haut potentiel émotionnel /intellectuel) dont je fais partie. Elle nous éclaire sur cette différence d'arriver dans cette vie avec une perception autre, une intelligence qui fonctionne naturellement en arborescence (tout est relié à l'intérieur et communique), et ce besoin de répondre à toutes ces questions intérieures et extérieures.
    Exprimer un ressenti c'est vrai que ce n'est pas toujours facile, et malheureusement aucun test ne peut mesurer cette sensibilité autre qui capte tout sans arrêt. Au plus "rapide", c'est de s'accepter avec cette différence, même si souvent c'est une source de rejet et d'incompréhension. Donc en priorité arrêter de juger soi-même, d'avoir honte de certains sentiments et surtout s'aimer inconditionnellement. Ce n'est pas pour autant du narcissisme, c'est juste vivre en étant sa meilleure amie.
    T'es-tu déjà posée des questions à ce propos ? Te sens-tu différente des personnes qui t'entourent ? As-tu ce besoin de ta "bulle" pour faire le point ?
    A mon avis, et au regard de tes écrits riches, construits, authentiques, j'ai le sentiment que tu fais partie de cette population HPE/HPI, et gérer cet émotionnel est un apprentissage permanent qui amène à créer l'harmonie en soi, ce que je te souhaite.

    Merci pour ta réponse concernant un de tes articles en janvier dernier, je l'ai découverte seulement ce soir...

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  3. Bonjour Dominique,
    Je dois avouer que ton message m'a beaucoup intriguée depuis que je l'ai lu. Bien qu'ayant toujours eu des facilités je ne me suis jamais considérée comme un HPE/HPI, enfin en tout cas quand j'étais petite je ne crois pas qu'on ait déjà dit que j'étais une personne précoce (contrairement à quelques personnes que je connais). Qu'est-ce qui danns mes articles te fait penser ça ? Je veux dire, je lis beaucoup de blogs, des gens en première, terminale, hypokhâgne et khâgne (ou fac), tous me paraissent très intelligents, et même brillants, sans pour autant que je ne sois en mesure de dire que telle personne est HPI et l'autre non. D'ailleurs est-ce les gens HPI sont tous HPE, ou sinon quelle est la différence ? Et je n'ai pas bien compris ce qu'était une pensée en arborescence, enfin pas assez pour savoir si je fonctionne comme ça (la seule chose que je sais c'est qu'en DS j'ai du mal à structurer ma pensée !). Désolée je pose beaucoup de questions mais ça m'a vraiment intriguée !
    Et puis je sais aussi que si sous certains aspects je suis intelligente, sur d'autres j'ai un esprit encore bien naïf, et si j'ai une bonne mémoire, elle reste moins performante que les gens HPI que je connais (moi j'oublie un peu tout ce que je lis ce qui est frustrant d'ailleurs).
    Après, est-ce que je me sens différente des autres... Disons que je pense que tout le monde est différent et donc dans chacune des relations que j'ai je sais qu'on a des points communs mais aussi des différences (après c'est sur qu'il y a des personnes avec lesquelles je me sens plus proche). Mais cela dit je ne me sens pas différente des autres au point de me sentir rejetée ou incomprise, d'autant plus que cette année je suis dans une excellente classe (d'après ce qu'un surveillant m'a dit, c'est la meilleure des 8 terminales de mon lycée) donc je fréquente des gens intelligents, cultivés, intéressants.

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  4. Bonjour Eva,
    Merci pour ta réponse. En priorité, je veux te dire que se savoir HP n'est ni une marque de supériorité, ni un flambeau permettant de revendiquer quoi que soit. C'est simplement mettre des mots sur des ressentis intérieurs, prendre en considération cette perception du monde qui intègre tout autant la vision globale que les points de détails, et surtout savoir que cette sensibilité "raffinée" peut parfois être vécue comme un handicap voire une souffrance intérieure, par manque de reconnaissance.
    Une personne HP peut concevoir ce que dit l'autre, comprendre, se représenter la stratégie de pensée... etc l'inverse n'est pas vrai. De plus, les personnes HP ont cette capacité d'observer à l'extérieur, tout autant que de s'observer intérieurement. Elles pensent et elles réfléchissent. Réfléchir amène à l'idée du miroir, c'est à dire ramener en soi en toute objectivité, et s'interroger plus loin.
    Ca, c'est ce que je relève dans tes posts, tu as cette capacité d'être observatrice, lucide avec toi-même de ce que tu ressens, et en recherche de ce qui se manifeste en toi et à l'extérieur de toi. Cette attitude correspondant aux HPE.
    Maintenant je reprends les différents points de ta réponse :
    Aller chercher de l'information, lire des blogs de personnes de même âge, ou plus âgées, et donc plus avancées dans leur expérience de vie, témoignent aussi de ton besoin intérieur de découvrir, de connaître. La curiosité, et cette sensation de devoir se "nourrir" intellectuellement, tout autant qu'on nourrit le corps physique, cela aussi est un besoin naturel chez les HP.
    Les HPI sont-ils HPE ? Souvent, mais pas forcément manifesté. Bien des HPI se sentent vulnérables dans leur sensibilité, et préfèrent rester dans la rationalisation plutôt que "d'affronter" leur émotionnel (mon père était comme ça). Cependant, vivre sa sensibilité peut aussi passer par des créations manuelles et/ou artistiques, tout en gardant les "carapaces" de l'intellect.
    Les HPE peuvent être des HPI qui s'ignorent, ou qui simplement utilisent surtout le cerveau droit (facilités artistiques et créativité dans tous les domaines), les tests QI n'étant pas un garant de l'intelligence. D'ailleurs, qu'est-ce-que l'intelligence vraiment ?
    Les recherches sur le sujet ouvrent de nombreuses portes aujourd'hui sur la pluralité de l'intelligence, et remettent de plus en plus en question les tests QI, car ils montrent essentiellement la vitesse de l'influx nerveux, et le nombre de connexions disponibles dans le cerveau. Beaucoup de HPE seront probablement "recalés" aux tests QI, par trop d'émotions en présence. Nous savons aujourd'hui comment l'émotionnel peut momentanément "bloquer" la libre circulation de cet influx nerveux. De plus, le QI semble être stable tout au long de la vie, alors que le QE se développe avec l'expérience.
    Fonctionner avec une intelligence en arborescence signifie que chaque nouvelle information collectée par le cerveau et les sens va nécessairement se connecter avec toutes les autres, comme un sapin de noël sur lequel on accroche des boules. Chez les "normaux-pensants" (je reprends le terme de C.Petitcolin), l'information est rangée dans des "tiroirs", comme une grande commode avec des étiquettes dessus.
    La différence fait que la réflexion est moindre (+/-, correct/pas correct, bien/mal) et plutôt de type binaire, alors que chez les HP, cette réflexion va partir dans différentes directions, car il y a plusieurs niveaux intérieurs de recherche, et donc une multitude d'informations qui arrivent en même temps avec la difficulté souvent de structurer par trop d'informations simultanées à la fois rationnelles et sensitives.
    La suite au message suivant...car le nombre de caractères est limité

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  5. Suite et fin.... (les fameux points de détails !)

    La naïveté va avec la bienveillance naturelle chez les HP qui contemplent la vie comme une oeuvre d'art, de beauté, de génie, et d'émerveillement. L'amour en présence est comme un propulseur permanent à découvrir davantage.
    A nouveau, c'est cette sensibilité qui collecte toutes sortes de ressentis par tous les sens disponibles.
    La mémoire très performante courante chez les HP tient au fait que le cerveau enregistre sur tous les canaux sensoriels disponibles, puisqu'ils sont actifs en permanence (vision-ouïe-odorat-kinesthésique-olfactif).
    Enfin la différence. Bien sûr chaque individu est unique, et c'est ça qui est merveilleux, et bien plus riche que le clonage. Nous avons tant de richesses disponibles dans nos différences.
    La vie fait que nous sommes attirés par des personnes qui nous ressemblent (attraction magnétique de la loi physique), car nous "vibrons" sur la même longueur d'onde. Toutefois, nous attirons aussi à nous des personnes complémentaires de ce que nous sommes pour précisément découvrir notre part dite "d'ombre", c'est à dire ce qui n'est pas encore consciente, et l'accepter avec amour.
    Comme je suis bien plus âgée que toi, je vois aujourd'hui comment chaque expérience de vie, heureuse ou pas, m'a permis d'en apprendre davantage sur moi-même, les autres et le monde en général.
    Une personne m'a dit un jour, il n'y a pas de hasard (au sens loterie), il n'y a que des rencontres porteuses de quelque chose dont nous avons besoin pour vivre nos talents.
    Tu semblais tellement interrogative vis à vis de ton chemin d'orientation, que j'ai ressenti le besoin de te donner ma vision des choses sur le moment, pour "relancer" ton discernement, en sachant que bien sûr que c'est toi qui décides de tes actions.
    Donc pour conclure, je vais simplement te dire que je suis peut-être un messager dans ta vie qui vient éclairer une partie de toi, pour que tu trouves en toi ton chemin, en ayant confiance dans tes facultés,ta sensibilité, tes talents et en étant dans la juste mesure des choses avec toi-même.
    Cette attitude au self-jugement (dévalorisation et/ou survalorisation - appréciations "déformées") est tellement présente du fait de nos automatismes mentaux, qu'elle peut nous conduire à l'auto-sabotage sans que nous en soyons conscients. Et ce serait bien dommage qu'il en soit ainsi, tant ta sensibilité est profonde et authentique.
    Aussi, je te souhaite d'être ta meilleure amie pour toi-même, et authentifiée HP ou pas, ne change pas ce que tu es au plus profond de toi. Simplement cela peut peut-être t'aider à vivre plus facilement cette grande traversée dans l'océan de tes émotions.
    Bien à toi Eva, et belle journée.

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    1. Bonsoir,
      Désolée par avance de ma longue réponse, je me rends compte que j’ai peut-être écrit un peu trop (et aussi, pardon si j’ai laissé passé des fautes et des maladresses, mais je suis malade et donc un peu fatiguée).
      Merci beaucoup pour cette réponse très détaillée. Je vais répondre à quelques points. D’abord, HP ou non (et ça je crois qu’on ne pourra jamais le savoir vraiment), je n’avais pas l’intention d’en tirer une quelconque supériorité ou infériorité, j’ai horreur de ceux qui le font. Je n’ai jamais vécu ma sensibilité comme un handicap, au contraire. Certes, quand je suis triste, je peux l’être vraiment, ou me mettre à pleurer sans vraiment trop comprendre pourquoi, ou bien je suis triste de devoir bientôt me séparer de quelqu’un alors même que je ne l’ai pas encore retrouvé. Mais d’un autre côté, je crois que ça me permet de mieux comprendre les gens, d’être plus heureuse moi-même dans les moments ou d’autres seraient simplement contents.

      Tu dis que l’aptitude à s’observer soi-même correspond aux HPE. Mais n’est-ce jamais le cas pour les personnes non HP ? Je veux dire, je ne sais pas si je me trompe mais en y réfléchissant j’ai souvent eu l’impression que si je connaissais bien mes défauts et mes qualités, que si je m’analysais bien, c’est parce que j’avais fait la démarche de réfléchir et de vouloir m’analyser moi-même, et pas parce que je m’en sens plus capable que les autres. Si un jour n’importe quelle personne se mettait à vouloir réfléchir à elle-même, n’y arriverait-elle pas de la même façon ?

      Après s’il y a quelque chose qui m’intrigue un peu, c’est que certes d’un côté je veux me « nourrir » intellectuellement, j’aime découvrir des choses dans des domaines que j’apprécie (comme la philosophie), mais en même temps j’ai un fort instinct paresseux : c’est tout récent que je m’intéresse à tout ça, justement parce que depuis quelque temps, je me force à m’intéresser (et ça marche plutôt bien, mais j’avais prévu d’en parler dans un prochain article). Et j’ai l’impression qu’au fond, la personne que je suis vraiment, c’est encore celle qui est naïve et qui a un esprit encore trop fermé. C’est un peu celle que je suis vraiment contre celle que je veux devenir. Alors que je connais deux personnes qui sont précoces, et elles très tôt, dès le collège, elles se sont intéressées à plein de choses (une de mes amies a su qu’elle voulait faire science po dès 12 ans et a commencé à lire le courrier international à cet âge-là), contrairement à moi où cette volonté de connaitre n’est pas venue naturellement mais que je me suis « forcée » à acquérir (et grâce aux nouveaux amis que je me suis faits au lycée qui m’ont clairement tirée vers le haut parce que je me suis volontairement laissée influencée par eux). [suite au prochain message]

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    2. [suite du message]Tu dis que chez les « normaux-pensants » ils fonctionnent souvent de façon + / - corrects / pas corrects, mais pourtant il y a beaucoup de personnes qui acceptent de réfléchir et d’étudier diverses dimensions d’un problème, sans se contenter de dire « oui » ou « non » et d’être manichéen non ? Remarque je n’ai jamais fait attention et je suis bien incapable de dire de quelle façon je pense (je sais simplement, en revanche, que j’ai du mal à structurer ma pensée, ma prof principale me l’a même d’ailleurs reproché, ceci étant une des raisons pour lesquelles elle me déconseillait la prépa).

      « Une personne m'a dit un jour, il n'y a pas de hasard (au sens loterie), il n'y a que des rencontres porteuses de quelque chose » Je suis d’accord et j’ai toujours aimé rencontrer des nouvelles personnes (d’où mon bonheur à chaque grandes vacances quand je partais une ou deux semaines en stage de musique).

      « en ayant confiance dans tes facultés, ta sensibilité, tes talents et en étant dans la juste mesure des choses avec toi-même » J’ai confiance dans les facultés que j’ai, le problème c’est que j’ai aussi conscience de mes défauts, et ce n’est pas dans mes qualités que je n’ai pas confiance, mais dans les qualités que je n’ai pas (si je prends la musique, par exemple, j’ai confiance parce que je sais que je dispose des capacités nécessaires pour réussir). [suite et fin au prochain]

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    3. [fin du message, désolée pour la longueur] Tu dis aussi « Cette attitude au self-jugement (dévalorisation et/ou survalorisation - appréciations "déformées") » Seulement le problème aussi, c’est que ce sont les autres et non moi qui m’ont poussée à ne pas avoir confiance en moi : quand une amie me dit que je suis naïve, quand une prof me dit qu’elle ne me voit pas en prépa parce que je manque de maturité intellectuelle etc… Justement parce que si j’ai des qualités, ce ne sont pas elles qu’on voit en premier, ça je me suis fait plusieurs fois la remarque, mais bien mon côté naïf. Côté naïf provoqué par mon manque d’ouverture d’esprit, notamment vis-à-vis de l’actualité (et je n’ai jamais réussi à corriger ce problème justement parce que je n’arrive pas à m’intéresser à l’actualité, ou à d’autres domaines du même type) : après tout, pour avoir une vraie réflexion, il faut avoir des bases déjà. Les gens brillants que je connais, ceux qui sont précoces, on voit immédiatement à quel point ils sont intelligents, qu’ils s’y connaissent dans tous les domaines etc… Les professeurs les ont remarqués, même les autres élèves de la classe disent qu’ils sont brillants.

      La dernière réflexion que je ferais, c’est que j’ai à la fois l’impression d’avoir les capacités de me développer intellectuellement, mais que d’un autre côté j’ai l’impression, sur certains aspects seulement, d’être plus naïve que d’autres, et d’avoir encore certains éléments en moi, que je ne saurais pas trop définir, qui m’empêchent de progresser (surtout mon côté un peu paresseux en fait. Je veux dire, je m’intéresse à la philosophie, à la lecture, à la connaissance, mais je continue de trop préférer aller sur l’ordinateur, regarder un film, bref ne pas réfléchir, ne pas me bouger, je n’aime pas me cultiver autant que d’autres pourraient le faire en fait). Parfois je me bouge pour lire de la philo, m’intéresser, et j’en suis contente. Mais au bout d’un moment, au bout de plusieurs semaines de motivation parfois exagérée, ma motivation s’épuise, je m’épuise moi-même, et j’ai l’impression que cette volonté d’apprendre, cette envie de découvrir, ce n’est pas moi. Ce n’est qu’une partie de moi que j’ai créée et qui n’est pas encore assez vraie pour que je sente que c’est vraiment moi.

      Bref, je m’étends et je m’éparpille un peu mais tout ça pour dire qu’il y a tellement d’éléments différents et même contradictoires dans ma personnalité que je serais bien incapable de dire si je suis HP ou non (au fond, ça ne changera rien que je le sache ou non, que je le sois ou non, mais je me pose toujours beaucoup de questions, et j’aime bien trouver des réponses). Il y a tellement de caractéristiques opposées qui forment ma personnalité que ça rend l’analyse plutôt compliquée.
      Encore merci pour tes réponses,
      Bonne soirée !

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