samedi 20 avril 2013

Quand la fiction et la réalité se mélangent

Certains films me fascinent tellement que je les regarde, je les re-regarde, encore et encore sans jamais me lasser. Toujours amoureuse des personnages, la même passion pour l'intrigue, le même soulagement de m'installer devant le film et de me plonger dans un monde connu, la même tristesse de le quitter quand l'histoire s'achève. Il ne devrait jamais y avoir de fin, c'est trop injuste. Alors qu'Aragorn est couronné, que Sam se marie et que finalement Frodon s'en va, je voudrais connaître la suite. Je ne veux pas abandonner les personnages alors qu'il leur reste tant à vivre, je voudrais pouvoir les suivre jusqu'à la fin de leurs jours - mais ce serait triste, de les voir vieillir puis s'éteindre, pas vrai ? L'image renvoyée à la fin du film est nuancée, on ne sait pas trop s'il faut être joyeux ou en larmes, souriant ou mélancolique. L'histoire est terminée, seuls quelques sentiments nous sont montrés, mais je sais, oui je sais qu'ils ne sont que partiels, puisque la vie n'est pas censée s'arrêter parce que la quête est finie et que tôt ou tard les sentiments négatifs les rattraperont. Ça ils ne nous le montrent pas, mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir les sentiments qu'ils finiront par éprouver. C'est ça, d'être trop sensible. C'est ressentir ce qu'on nous montre, mais aussi deviner ou anticiper ce qu'on ne nous montre pas, qui a été oublié ou ce qui arrivera plus tard. Et la joie, parlons de la joie dans les films, du vrai bonheur... Ces émotions-là ne me rendent pas heureuse de la même manière que le malheur fictif me rend triste. C'est plutôt l'envie que je ressens, la tristesse de ne pas ressentir de tels sentiments dans ma vie réelle, la jalousie de voir tel homme parfait être avec telle fille alors que moi je suis seule. Ça paraît stupide à dire, et pourtant, c'est fou le nombre d'émotions qui peuvent nous visiter pendant un film. Si vous étiez capables de vous introduire dans mon esprit pour m'observer, vous seriez tout aussi perdus que moi. J'anticipe trop, aussi. Le film a à peine commencé que je redoute la fin et le moment où je devrais retrouver la vie réelle, beaucoup moins attrayante parfois, peuplée d'individus moins attachants. Lorsque le film se termine, je suis obligée de retrouver mon enveloppe corporelle et de me reglisser dans ma peau. Tout paraît plat et alors je me rappelle que je suis déçue de moi-même. De celle que je suis en société. Je n'ai jamais réussi à vraiment m'intégrer dans un groupe autre que mon petit cercle d'amis, je ne suis pas celle à qui on s'intéresse, à qui on s'adresse spontanément, à qui on veut se confier, à qui on fait confiance. Je suis une personne de second plan, celle qu'on apprécie seulement après l'avoir connue assez longtemps pour avoir réussi à voir au-delà de ses principaux traits de caractère. J'ai l'impression de passer pour une fille superficielle et naïve, parfois je me sens seule, j'aimerais réussir à à parler plus facilement aux gens, plus spontanément, mais je suis trop timide, ou je ne trouve pas les mots pour paraître à la fois naturelle et spontanée. Alors je n'intéresse pas plus que ça. Personne ne me déteste, je crois, mais personne  - en dehors de mes amis - ne m'apprécie vraiment au point de vouloir me connaître mieux. Et j'ai l'impression que j'aurai toujours du mal à m'intégrer à des plus grands groupes, ou à me faire plus d'amis, ou à trouver un copain, à cause de cette image un peu faussée que je renvoie bien malgré moi. "Je ne sais pas être", c'est ce que j'ai déclaré à mon carnet l'autre jour. La vie paraît tellement plus simple devant un film, avec les personnages qu'on a le privilège d'avoir pour nous seuls, comme si, malgré le fait que l'histoire se passe sans nous, nous attirions toute l'attention.
Prenez garde, retour difficile à prévoir. 

4 commentaires:

  1. Il est tellement vrai cet article...

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    1. Et c'est bien dommage ! S'il pouvait exister des gens aussi parfaits que dans les séries... Le rêve !

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  2. Le soucis avec les films ou les bouquins c'est comme tu dis, on ne connaît pas la suite. Vendredi dernier, après avoir revu pour le énième fois le Journal de Bridget Jones je me suis rendue compte du ridicule de ce film que j'aime tant, comment savoir si elle va vraiment filer l'amour parfait maintenant qu'elle a rencontré Mark Darcy ? Ils ne se sont jamais vraiment parlé, il lui dit qu'il l'aime sans raison.. Et là je me suis rendue compte que perso, c'était pas ce genre d'histoire d'amour que je voulais.
    Mais qu'ensuite, il y a sûrement des moments de ta vie qui pourrait constituer un film, chaque chose qui a pu te marquer, avec un peu plus de scénarisation on pourrait aisément en faire un film que tout le monde regarderait comme toi tu regardes les autres films.
    C'est assez décousu ce que je te raconte mais c'est surtout pour te dire que ta vie est plus intéressante qu'un film dans la mesure où tout simplement, elle ne dure pas 90min et que c'est toi qui en écrit le scénario à venir.

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    1. Merci beaucoup pour ton message, ta réflexion est très intéressante et c'est vrai que je n'avais pas envisagé les choses sous cet aspect-là ! Ce n'est pas décousu et lorsque je l'ai lu ça m'a aidée à y voir plus clair, ou du moins à aborder les choses différemment, merci !

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