samedi 22 mars 2014

J'ai apprivoisé ma jolie petite bande, et je reviens

J'ai souvent pensé à mon blog ces derniers mois. Jetant un regard sur cet espace bleu que j'ai, au fil du temps, tenté de construire à mon image, parcourant les lignes que j'ai accumulées depuis sa création, j'ai soudain ressenti un malaise à la vue de cet espace qui commençait à perdre sa vitalité et son âme. Soudain j'ai eu honte, parce que, infidèle à la promesse que je m'étais faite de continuer à écrire souvent ici pendant mon hypokhâgne, j'ai peu à peu disparu, ne revenant que pour poster un article de routine de temps à autre qui ne peut être d'une grande utilité quand il ne survient que très rarement, puisqu'il ne permet pas de suivre vraiment mon parcours. Je me suis sentie étrangère à mon propre univers. Le passage du blog en privé a enlevé une part de la joie qui m'animait quand j'écrivais ici, parce que sans cette pleine dimension d'échange écrire n'avait plus la même saveur. Progressivement, parallèlement, les commentaires que je recevais comme la force d'écrire ici m'ont abandonnée, et j'ai fini par m'effacer de la blogosphère, en me contentant de rester une lectrice de l'ombre, pour vivre pleinement mon présent. 

La musique a consolidé ses racines dans ma vie, elle fait partie du décor quotidien de mon existence et c'est ce qui lui donne un sens lorsque le désespoir et l'angoisse s'emparent de moi et me plongent dans une peur terrible de l'avenir et du temps qui passe, des préoccupations que j'ai renoncé à essayer de chasser de moi. Je ne vois pas l'intérêt de lutter contre ce qui est si solide dans ma personnalité : ma peur, c'est moi, et plutôt que d'essayer de l'oublier, j'ai choisi d'arrêter de la mettre de côté et de l'intégrer à ce que je suis. Plutôt que de classer les traits qui me caractérisent et de donner un statut à part à l'angoisse, comme si elle était un élément extérieur qu'il fallait combattre, j'ai choisi de l'accepter et d'en tirer ce que je pouvais. Une chance, alors, que la musique soit revenue dans ma vie, puisqu'elle est un réservoir immense d'émotions dans laquelle on peut en puiser de nouvelle, déposer les nôtres, ou les façonner. Elle ne l'avait jamais quittée, toujours là quand il fallait, un peu trop là parfois, mais une très belle amie malgré tout, qui esquissait avec discrétion les contours de mon quotidien sans pour autant oser en dessiner véritablement l'intérieur. 

Aujourd'hui, une jolie petite bande m'accompagne gaiement. Le chant a été le premier à frapper à la porte de mon quotidien, mais, par peur de vaciller, manquant un peu d'assurance, il a amené avec lui sa guitare, fidèle compagnon qui l'accompagnera dans toutes ses aventures lorsque mes doigts auront trouvé leur place sur les cordes et que les accords s'inscriront dans ma mémoire. Mais ils n'étaient pas seuls, car le piano et le violoncelle, jaloux et craignant de disparaître du paysage de ma vie, sont arrivés peu après. Ils sont plus effacés, plus distants, ils s'avancent timidement lorsqu'ils sentent que leur tour est venu, retournent dans l'ombre une fois satisfaits, comprennent qu'ils doivent être patients et qu'un jour ils ne feront plus bande à part, qu'un jour ils feront partie de la troupe et que le joli groupe formera une joyeuse cohérence. Cette cohérence, je travaille pour l'atteindre, je chante, je joue, j'enchaîne quelques accords pour les inscrire dans mes doigts, je paresse et je m'y remets, je me décourage et je me remotive, inlassablement. La cohérence, ce sera le fait de pouvoir me dire : ça y est, je fais du piano, du violoncelle, de la guitare et du chant, je ne fais pas seulement deux instruments en grattant ma guitare ou en chantonnant de temps à autre à mes heures perdues, chaque membre de cette jolie petite bande vit pour moi, et je vis pour eux, dans une réelle harmonie. Aujourd'hui je sens encore quelques hésitations de la part de la guitare et du chant, plus présents que le piano et le violoncelle, avec moins d'assurance cependant. Mais ils ont mis un pied dans ma vie, il ne leur reste plus qu'à prendre possession de l'espace, je leur souhaite d'y parvenir.

La musique m'offre la possibilité de vivre pleinement mon présent et, mieux, de donner un soupçon de sens à cette existence qui parfois me laisse transpirante de solitude tant je m'obstine à vouloir lui trouver un but, but qui refuse de se dessiner devant moi et dont l'absence me vole un peu de ma vitalité. Je fais partie de ces personnes qui ont besoin d'avoir des objectifs pour vraiment être heureuses. Je veux prendre en main ma jolie petite bande et en faire quelque chose. Quoi, quand, où, je ne connais la réponse à aucune de ces questions et pourtant, je sens que c'est vers cette direction que doit se diriger le but de ma vie. Alors je m'accroche à cette sensation très puissante qui m'aide à patienter dans l'attente de l'objectif concret, et, en attendant, je me consacre un peu plus à la musique, pour acquérir un niveau solide, pour me préparer à la suite, aux idées qui pourraient germer, aux grains de projets, aux futures ou actuelles motivations que je ne saurais pas exploiter sans une grande maîtrise de mes instruments. 

La musique m'offre la possibilité de vivre mon présent, mais elle ne suffit pas à me remplir réellement, à m'empêcher de me sentir vide. Il y a la vie, les autres, bien évidemment, mais en repensant à l'écriture, l'évidence s'est imposée : elle me manque. J'ai reporté encore et encore le moment de recommencer à écrire, la prépa m'épuisait trop psychologiquement pour que je veuille m'imposer une activité de plus qui demandait de la concentration, je chantais plutôt que d'écrire, je faisais de la musique plutôt que de lire, et j'ai toujours dit "plus tard". Après l'hypokhâgne, après la khâgne, après après après... Je veux retrouver l'âme de mon blog, la reconnecter à moi, pour que de nouveau il comble ce petit espace, là, juste ici, ce petit vide que je ne sentais qu'inconsciemment, mais qui gagnerait pourtant à être comblé. Alors je veux réécrire, parce que pour mon cas, la vie ce n'est pas seulement ce que j'éprouve pleinement, elle a aussi besoin d'être mise en pause le temps d'un article, et mes pensées, toutes ces réflexions qui n'ont cessé de me travailler au cours des derniers mois, ont besoin de se matérialiser sur ce blog pour véritablement être remises en ordre et laisser souffler un peu mon esprit. Dans l'esprit, elles errent sans direction, elles s'entrechoquent, elles se perdent, elles se baladent, elles apparaissent, elles cognent et disparaissent aussitôt, elles ne parviennent pas à s'arrêter, ce ne sont que des pensées sans but. Par écrit, elles se remettent enfin en ordre, et si une infinité de pensées attend encore son tour, car la pensée analogique n'a jamais terminé son travail, l'esprit s'en voit tout de même calmé, reposé, et quand le style que j'ai adopté correspond vraiment à ce que je suis, alors les pensées prennent pour moi une couleur nouvelle, elles existent autrement que comme des fantômes d'idées disparues, elles sont décorées, elles me correspondent, et je peux alors les regarder avec plus de sérénité.  

Il est temps pour moi de renouer avec l'écriture, qui est définitivement une partie de ma personnalité et qui contribue à la travailler. Moralement soutenue par ma "jolie petite bande", je reviens et j'espère durer.

2 commentaires:

  1. Pourquoi l'écriture ne s'ajouterait-elle pas à ta petite bande? Tu pourrais composer des chansons! Je sais que quand je faisais ça quand je jouais de la guitare c'était franchement libérateur. Comme tu dis, en sortant tes pensées à l'écrit, tu les organises et tu les analyses, et en plus en les chantant après, t'as plus d'émotions que quand tu relis juste un texte que tu as écrit.

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    1. C'est marrant que tu me dises ça parce que j'ai toujours rêvé d'écrire des chansons, mais dès que ça touche à ce qui ressemble à de la poésie je n'arrive pas du tout à écrire et je manque d'inspiration. Pareil pour la composition je ne sais pas du tout comment faire. Mais je compte essayer de m'y mettre quand je maitriserai mieux la guitare parce que ça me parait plus facile de composer qu'au piano et que j'ai trop envie d'avoir aussi mes propres chansons !

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