vendredi 22 janvier 2016

Les malheurs d'Esmeralda (partie 1 sur 10000000000)

Attention, cet article est très sérieux et ne cherche en aucun cas à vous faire rire, vous amuser ou vous divertir. Si vous en veniez, pendant votre lecture, à laisser ne serait-ce qu'un discret sourire se former sur votre visage, cela marquerait la rupture de notre belle histoire. Sur cette page, seules les larmes seront autorisées. Je vous invite donc à faire le nécessaire.

Afin de vous présenter mes malheurs comme il se doit, j'introduirai un concept qui vous est sans doute familier si vous lisez mon blog depuis longtemps, ce dont je ne doute pas, et qui m'a été d'une grande utilité par le passé. Chers lecteurs, c'est donc le terme de Destin que j'invoque aujourd'hui,

Aux origines était le Destin, déjà présent en ces 27 janvier 2013 et 2 février 2013. Depuis cette époque où le Destin s'est fait l'ennemi de mon quotidien, je lutte contre lui, mais force est de constater que c'est un échec total. Je m'en souviens aujourd'hui, dans cet article écrit en plein DS d'économie, j'avais pris la décision de me battre contre lui en choisissant la psychologie alors que le dé m'avait destinée à aller en prépa. Ce soir, 22 janvier 2016, je pose un regard sur mon passé, je vois que l'hypokhâgne et la khâgne se sont ajoutées à mon parcours, comme le dé, c'est-à-dire une des formes matérielles du Destin, l'avait prédit. Je me dis alors qu'au fond, il était tout naturel que ce petit chenapan renaisse de ses cendres quelques années plus tard pour me taquiner un peu. Il m'a remise à ma place début 2013 ; quelques mois plus tard, il m'a offert la B/L, cette sympathique petite formation qui illumine mon esprit lorsque je la caresse de mes pensées ; maintenant, il revient au galop pour contrebalancer les joies qu'il m'a apportées (petit coquin).

*

Destin, Mauvais Génie ou Diablotin, quel que soit le surnom qu'on choisisse de donner à cette présence informe, c'est bien de cette ombre glaciale qu'il est question dans mes aventures de la semaine. Lorsque, pendant mon petit passage à Lyon mercredi, j'ai dépensé 60 euros en maquillage, trousse Decitre et macarons, j'ai senti que cet adorable petit sac, il ne fallait absolument pas le perdre. "Ne l'oublie pas dans le train, Esmeralda", m'avait prévenue mon père. "Oui oui j'ai compris tu ne vas pas me le répéter toutes les cinq minutes !" avais-je rétorqué d'un ton agacé, tout en sachant, au fond, qu'il était très probable que ce petit sac ne réchappe pas de ce voyage Lyon - foyer parisien. Même en connaissant mon naturel gaffeur, j'aurais dû me méfier, m'apercevoir que quelque chose clochait, que cette sensation forte qu'il pouvait arriver malheur à mon butin était en vérité un petit indice que Diablotin avait laissé sur mon chemin et que j'avais choisi d'ignorer. J'ai pourtant canalisé et projeté toute mon énergie intellectuelle sur mon trésor, pour ne pas échouer, faillir, le perdre. Voltigeant d'une pensée à l'autre, je finissais toujours par retomber sur celle que j'avais mise au centre de toutes ces réflexions entremêlées, ma mission de protection. Et, avec brio, je suis finalement sortie du train toujours armée de mon sac à dos et de mon butin, un sourire triomphant, une petite pensée moqueuse pour mon père qui ne me faisait probablement pas assez confiance pour les choses d'une telle importance. 

C'est à partir de là que Diablotin a refait surface. Refusant de se laisser vaincre aussi facilement, il s'est introduit dans mon ventre et a réussi, par son intermédiaire, à m'envoyer des signaux trop physiques et instinctifs pour que je puisse les ignorer. Je peux encore voir les mots "faim faim faim" clignoter dans mon esprit, forts, très forts, très très forts. C'est là que tout s'est accéléré et que tout a basculé. Vite vite vite Esmeralda, il faut se dépêcher pour ne pas arriver trop tard au foyer, mettre une bougie sur un de mes protégés (les macarons) et fêter l'anniversaire de E. Allez hop bim bam boum, on fonce, sandwich acheté, sandwich avalé, descente rapide dans le métro, je me rue sur une place assise et m'y pose lourdement. Et tout à coup, non loin de Bastille, une pensée me glace. MON-PETIT-SAC-OU-EST-MON-PETIT-SAC-POURQUOI-J'AI-PLUS-QUE-MON-PORTABLE-DANS-LA-MAIN-OU-EST-MON-SAAAAAAAAAC ? (Ajoutez à cela toutes les vulgarités mentales qui peuvent surgir dans ce genre de situation extrême). Le temps de fouiller mon sac à dos quelques centaines de fois et d'admettre que oui, le maquillage, les macarons et la trousse avaient bel et bien disparu, j'étais repartie dans l'autre sens, direction mon seul espoir : le magasin de la gare où j'avais acheté mon sandwich. 

Puisqu'il était fermé quand je suis arrivée, je me suis posté devant, bien décidée à attirer l'attention des employés encore à l'intérieur, et je me suis alors embarqué dans une démonstration de gestes et de mimiques dignes des plus grands... Des plus grands clowns sans doute. Mais cette stratégie a été d'une efficacité redoutable (prends ça Diablotin !) puisqu'un employé est finalement venu m'ouvrir. Petite synthèse de la conversation :

- J'ai pas oublié un sac par hasard ?

- Ah oui je crois qu'il y avait un sac mais à mon avis le vigile l'a jeté

- (ce que j'ai dit) vous pouvez quand même vérifier s'il vous plait ? (ce que j'ai pensé) MAIS CA VA PAS NON, TU SAIS COMBIEN J'AI PAYE POUR TOUT CA ? (dans mes pensées, et dans de telles circonstances, le tutoiement est préférable à un vouvoiement trop poli pour supporter les pensées violentes qui s'apprêtent à se déverser dans mon esprit).

Attente, attente, attente... Le gentil monsieur revient :

- Excusez-moi, mais le vigile l'a effectivement jeté. 

- Il y a pas moyen de le retrouver dans la poubelle ? (Parce que dans le désespoir, on est prêt à tout)

- Non ils ont dû vider les poubelles. 

- [ce que j'ai dit] Ah d'accord, c'est pas grave, merci quand même, au revoir. [ce que j'ai pensé] VOUS AVEZ JETE MON SAC CA VA PAS NON IL VOUS MANQUE UNE CASE OU QUOI, VOUS AURIEZ PU ATTENDRE DEMAIN QUAND MEME NON MAIS SERIEUX QUELLE IDEE DE FAIRE CA PEUT-ETRE MON MASCARA A-T-IL UNE TETE DE COLIS SUSPECT PENDANT QU'ON Y EST, MERDE QUOI, JE SUIS PAS RICHE WOMAN MOI EH OH 60 EUROS C'EST PAS RIEN, ESPECES DE IHOZE6GEFI7EZIOFZH0IEZREOOZIE !!!!!!!!!!!! (Vous pouvez de nouveau ajouter à ce beau discours une petite série d'insultes que vous choisirez selon vos affinités personnelles).

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Diablotin 1 - Esmeralda 0

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