dimanche 7 octobre 2012

Qui suis-je ?

Hier soir, un peu triste et perdue dans mes réflexions, j'ai écrit dans mon petit carnet, celui où j'aime décrire longuement ou non mes émotions, mes pensées. Voici donc ce que j'ai écrit. Je n'ai modifié qu'une ou deux phrases, je le laisse comme je l'ai écrit spontanément, c'est pour cela que certaines phrases pourront vous paraitre un peu étranges. Mais pour une fois, je voulais vous donner un aperçu de mon style d'écriture sur un premier jet.

"Je ressens un malaise lorsque j'essaie d'analyser ma propre personnalité. J'ai l'impression de ne pas être à ma place, de ne pas être devenue celle que j'aurais dû être pour être en accord avec moi-même. J'aurais dû avoir un excellent niveau en musique, j'aurais dû avoir une belle plume, j'aurais dû avoir des bonnes notes tout en quittant ma naïveté. C'est en suivant cette voie qui semblait déjà tracée que j'aurais dû me développer, me forger une vraie personnalité, être comblée et heureuse. Au lieu de cela, j'ai l'impression de ne plus savoir qui je suis réellement, comme si j'étais dans un entre deux : encore naïve, qui n'approfondit aucune discipline scolaire ou non, qui ne se distingue par aucun talent particulier, mais qui n'est pas pour autant superficielle et qui a tout de même des capacités. Mais ce n'est pas suffisant non plus. Alors que je n'ai que 17 ans, j'ai l'impression d'avoir perdu ma personnalité, d'avoir perdu ce qui me rendait à la fois heureuse et fière. Je ne parviens plus à me trouver. Il y a une différence énorme entre ce que je prétends être, à ce que j'essaie de me convaincre que je suis, et ce que je suis réellement. En continuant à prétendre que l'écriture est ma passion, que je suis amoureuse de la lecture, j'essaie de me raccrocher à un passé qui pourtant s'éloigne chaque jour davantage. Pourtant, si les autres, mes camarades, ne se sont pas rendus compte de ce décalage entre ce que je veux paraître et ce que je suis réellement, il m'est impossible de me mentir à moi-même. 

J'ai l'impression d'être rangée par d'autres dans une cage, une cage qui me force à rester où je suis et qui fera que les autres me verront toujours de la même façon. Quelle douleur peut-on ressentir lorsqu'un amie s'écrie à une autre "tu es presque aussi dans la lune que Esmeralda", comme si j'étais la référence dans le domaine des personnes qui ne savent jamais où elles en sont, qui ont toujours un temps de retard. Et j'ai pu moi-même constater que plus on me colle une étiquette, plus je me comporte selon cette étiquette. Pourquoi ? Est-ce par crainte ? Ou est-ce ma véritable nature ? Toujours est-il qu'en me voyant d'une telle façon bien précise, qu'en me disant que je suis naïve, dans la lune, qu'en me faisant passer sans même s'en rendre compte comme la personne amusante mais d'un niveau inférieur intellectuellement, les autres risquent de me faire devenir vraiment ainsi. J'ai toujours eu cette impression d'être inférieure à mes amies, ou bien physiquement ou bien intellectuellement.

Quelle conclusion peut-on faire de tout ceci ? Ce n'est pas tant d'être moins intelligente que mes amis qui m'attriste, mais plutôt le fait que dans aucun domaine, je ne les surpasse tous, ce qui contribue à m'enfermer dans cette cage. J'avais la passion de la lecture, j'avais l'écriture, aujourd'hui je ne suis plus qu'une surface, j'ai l'impression de n'être constituée que d'une enveloppe superficielle, et je ne parviens pas à acquérir de nouveau cette profondeur qui me caractérisait. J'ai essayé à de maintes reprises de me forcer à lire, à écrire de nouveau, mais je ne peux orienter mes sentiments vers l'effet désiré, je ne peux ranimer cette flamme, retrouver cette passion d'avant, et je ne peux pas non plus me manipuler de sorte à avoir confiance en moi, à aimer ce que j'écris. Car pour avoir confiance en soi, encore faut-il une raison, une source de fierté, ce qui n'est pas mon cas, plus mon cas.

Je suis perdue, j'appartiens à mon passé, et j'espère désespérément me recroiser dans mon futur.
A un moment crucial de mon existence, celui où je vais devoir faire mon possible pour d'une part obtenir des bonnes notes, de l'autre décider de mon orientation, je ne trouve aucun réconfort pour m'aider à surmonter ces épreuves. Je ne suis pas quelqu'un de dépressif, je fais de mon possible pour être optimiste, mais il arrive un moment où l'optimisme ne parvient pas à combattre la peur, la tristesse, le manque de confiance en soi.

Je crois que cette année, plus que la réussite scolaire, j'ai besoin de me retrouver, de renouer avec celle que j'étais avant, de progresser de nouveau en écriture, de retrouver la passion de la lecture. Je le sais, c'est ce dont j'ai le plus besoin, pour le moment je suis perdue, et dans mes relations, et dans mon orientation, je ne sais plus qui je suis, je ne sais plus où j'en suis, et c'est la seule vraie source de souffrance psychologique que je ressens en ce moment. Le reste n'est que secondaire, contingent comme on dirait en philosophie. Mais alors que j'avais toujours confiance en moi, aujourd'hui je ne suis plus sure de pouvoir réaliser mes objectifs. Je veux me retrouver, mais l'ancienne Esmeralda n'a-t-elle pas disparu pour de bon, remplacée par la nouvelle qui, en plusieurs années, a déjà bien eu le temps de s'installer ?"

8 commentaires:

  1. Je me retrouve vachement dans ce que tu dis, pendant tout le lycée j'ai eu l'impression de ne pas être la personne que je voulais être. Et comme toi, je me sentais toujours inférieure à mes amies, j'avais l'impression d'être dans la moyenne partout alors que j'aurais aimé avoir au moins un domaine où je puisse surpasser les autres!
    Il faut vraiment que tu te regardes de l'extérieur, mais à l'intérieur. Je m'explique. Tu t'es perdue, il faut que tu te retrouves. Et pour ça il faut voir ce que la Eva qui est tout au fond de toi veut VRAIMENT. Parce que quand j'ai compris que de toute façon, le type de personne que je voudrais être n'était pas moi, je me suis sentie mieux. En fait faut que tu regardes ton toi intérieur mais avec un oeuil extérieur. Peut-être que tu t'accroches trop à la personne que tu étais dans le passé? Peut-être que ce que les autres voient de toi est en fait ce que tu es réellement? Peut-être qu'à l'intérieur tu es la personne que tu voudrais être mais n'arrive pas à le montrer? Enfin, bref, bon courage avec tout ça, mais ne te prends pas trop la tête, tout le monde passe par là, et c'est pas facile de s'objectiver (surtout que cette année t'auras pas le temps de te recentrer sur toi tellement tu vas être accaparée par le bac).
    Même si on a le même âge, j'ai quand même envie de faire ma vieille et de te dire que c'est comme tout, ça va passer... <3

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou,
      Comme quoi on doit avoir beaucoup de points communs !
      Le problème c'est justement que je ne sais pas ce que je veux au fond. Ces histoires d'orientation n'arrangent pas la situation puisqu'au final je découvre plein de formations et j'essaie de me demander si ça me plairait ou non, et finalement je me perds...

      Le truc, c'est que j'y ai un peu réfléchi, et je pense que le type de personne que je voudrais être c'est moi, mais que cette partie de ma personnalité est un peu endormie. C'est-à-dire que ces dernières années je me suis trop laissée allée à la paresse, j'ai délaissé la lecture, l'écriture au profit de l'ordinateur et des séries, ce qui m'a éloignée des activités intellectuelles, et que j'ai maintenant du mal à m'y reconnecter, mais je sais qu'au fond, c'est encore moi.

      Quant à savoir si ce que les gens voient de moi est ce que je suis réellement... Je ne sais pas, parce que je ne peux pas dire comment ils me voient. Je parle énormément, je raconte tout, je n'ai pas énormément de secrets, mais au fond je ne sais pas s'ils me voient de la même façon que je me vois moi.

      Merci pour ton commentaire ça me fait plaisir <3

      Supprimer
  2. Tout ce que tu dis est très beau.

    J'aurais juste un conseil, une remarque, à te soumettre pour que essayer de t'aider à te sentir mieux, et tu vas vite te rendre compte que tu connais déjà ce conseil d'ailleurs.
    Tu écris "J'ai l'impression d'être rangée par d'autres dans une cage, une cage qui me force à rester où je suis et qui fera que les autres me verront toujours de la même façon."
    Et si c'était eux derrière la cage ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ta question est très intéressante, j'y avais plus ou moins réfléchi avant. Tu voudrais dire que ce sont eux qui refusent de me voir différemment ?

      C'est possible, et je crois aussi que le problème c'est qu'ils ne voient que la personne que je suis au lycée, pas celle qui fait de la musique, pas celle qui aime écrire, qui dévoile ses émotions sur un blog (bon ça je ne l'ai dit qu'à une amie). Et comme je suis en ES et qu'ils ont tous l'air d'être calés en actualité, en économie, en politique, et qu'au contraire je ne suis pas trop au courant de ce qu'il se passe, je passe parfois pour une personne naïve (parce que souvent je demande "c'est qui machin ? C'est quoi ça ?"). Pour la petite anecdote, l'autre jour je discutais avec une amie de la possibilité de faire une prépa commerce dans le cas où je ne serais pas prise en B/L, elle me dit "Je te vois plutôt en hypokhâgne B/L", je lui ai demandé pourquoi, elle m'a répondu "parce que tu es un peu naïve". C'est parfois vrai, mais ça reste vexant et très dévalorisant.

      Bref je m'éternise. Tout ça pour dire que c'est un peu compliqué parce qu'au final, je n'ai pas forcément les mêmes intérêts que les autres personnes, ou du moins je ne m'intéresse pas à l'actualité, ce qui, pourrait passer pour de la naïveté.

      En tout cas merci pour ton commentaire et pour le "Tout ce que tu dis est très beau" <3

      Supprimer
  3. Salut :) j'ai vu ton commentaire sur ce blog (http://yesyoukhagne.canalblog.com/archives/2012/09/19/25090042.html#comments), alors je passe voir le tien :)

    Je pars à sa découverte :p

    Vie Littéraire
    vielitteraire.canalblog.com

    RépondreSupprimer
  4. "Je ressens un malaise lorsque j'essaie d'analyser ma propre personnalité. J'ai l'impression de ne pas être à ma place, de ne pas être devenue celle que j'aurais dû être pour être en accord avec moi-même."

    Est-ce que j'aurai pu trouver de meilleurs mots pour définir mon état actuel ? Je ne pense pas. Et pourtant, tu vois, je suis déjà en L3. J'ai eu des moments ces derniers temps où je me disais vraiment que je n'étais pas à ma place, je me demandais toujours ce que je faisais là, à quoi je servais. Sans être pessimiste, je pense que ces questions vont encore me poursuivre un bon bout de temps.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que ce problème-là doit nous poursuivre assez longtemps, peut-être qu'on se demandera toujours quoi faire de notre vie. Mais peut-être aussi qu'à la fin de nos études on parviendra mieux à savoir qui on est vraiment, ce qu'on veut faire ? Je ne sais pas trop.

      Supprimer