samedi 9 mars 2013

Régression

J'ai l'impression que quitter l'enfance, traverser l'adolescence, faire un pas vers l'âge adulte, c'est réapprendre à vivre selon notre nouvelle personnalité. Elle n'est pas si différente, au fond, de celle qu'on avait avant. Mais la vision du monde a changé, la naïveté s'est envolée, l'esprit a évolué et sa façon de fonctionner s'est modifiée. Ce processus a laissé des caractéristiques en chemin, des caractéristiques auxquelles on était attaché et qu'il va être difficile de réintégrer à sa nouvelle personnalité. L'imagination, par exemple. J'avais des dizaines d'idées d'histoire, des bonnes comme des mauvaises, et cela me permettait d'écrire et de travailler mon style pour qu'il soit fidèle à l'ambiance que je voulais créer. Ce que je préférais, c'était de créer une atmosphère sombre, une atmosphère à la frontière du réel et du fantastique. Aujourd'hui je me rends compte que j'ai perdu l'inspiration. La peur du cliché et du manque d'originalité m'a éloignée de l'écriture de romans. Des débuts de romans que je n'ai jamais achevés, mais qui arrivaient à me rendre fière et désireuse de poursuivre l'aventure. Il m'arrive de prendre mon stylo, de mettre une feuille devant moi, d'écrire quelques lignes au hasard. Non, elles ne me conviennent pas, je n'aime plus ce que j'écris. Il n'y a pas de fil conducteur. Il n'y a pas de style. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas d'idées. Alors je range la feuille, je pose mon stylo, et je passe à autre chose. Plutôt ne pas écrire que d'écrire quelque chose qui ne me plaît pas et qui me déçoit alors même que je suis encore en train de l'écrire. J'oublie la feuille, j'oublie le stylo, je m'installe dans le canapé et je mets un film. J'oublie tout pendant un temps, jusqu'à ce que je me remette à y penser. Depuis combien de temps n'ai-je pas écrit ? Je ne sais plus, ça fait si longtemps. J'ai oublié comment inventer une histoire, j'ai oublié comment commencer un récit, j'ai oublié comment avoir un style qui me convienne. J'ai oublié comment écrire. Alors j'ai arrêté d'écrire. Parce que que je me déçois. Ca me manque, pourtant, mais je n'ai plus d'idées. Au fond, si j'ai si peu écrit ces derniers mois, ces dernières années, c'est parce que j'ai peur. Peur parce qu'écrire me met en face de cette triste réalité, que j'ai admise mais qui continue de me rendre triste : j'ai régressé, ou du moins je n'ai pas progressé, par manque d'entraînement. Et j'ai perdu toute confiance en moi. Je ne sais plus écrire, et j'ai peur de ne plus jamais parvenir à quelque chose de satisfaisant. Comme si tous les talents ne pouvaient s'acquérir que pendant l'enfance. Est-ce qu'un jour, le stylo, la feuille et moi, nous arriverons à ne former plus qu'un à nouveau ?

4 commentaires:

  1. Ne t'inquiètes pas! Je pense simplement que tu es bien trop préoccupée par tout le boulot à côté pour pouvoir écrire! Retente ta chance cet été :)

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  2. Je suis dans la même situation que toi concernant l'écriture. Elle est loin l'époque où j'étais très créative et productive. Certains évènements de la vie m'ont incitée à être plus terre à terre, et ça se ressent dans ce que j'écris. J'essaie de trouver du temps pour ça, en ce moment je suis sur deux projets personnels, mais ce n'est pas facile. Les exigences des études nous rappellent à l'ordre, et c'est tout à fait normal de ne plus avoir la tête à l'écriture, même si c'est un peu déchirant d'en arriver à cette constatation.

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    1. Quels sont tes deux projets en cours ? (Désolée, je suis curieuse, surtout quand ça touche à l'écriture !). J'espère que ça ira mieux pour toi alors et que ta motivation reviendra comme j'espère que la mienne va revenir :)

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    2. Le premier est plutôt un roman d'adolescents. Je le veux très introspectif et psychologique, puisqu'il vise à montrer leur évolution dans la vie. Ils doivent se confronter à tous leurs petits problèmes identitaires etc.

      Le deuxième est disons bizarre. Il est tiré d'un concept de forum rpg que j'avais élaboré avec mon meilleur ami. L'action se déroule à Glasgow, il y a un territoire abandonné sur lequel trônent les vestiges d'un Asile psychiatrique. Le perso principal, torturé à la base et passionné de photo, va se rendre sur ce terrain pour une séance d'urbex, et il va se retrouver coincé dans la dimension de l'Asile, dont les murs vont comme ressusciter après avoir disparu à l'époque dans un terrible incendie, qui emportera tous ses occupants au passage. C'est un peu comme une espèce de survival, le perso principal va devoir déjouer les pièges de cette dimension en menant une enquête sur le passé de l'Asile qui reste assez obscur. Il sera réellement seul au monde. Après y'a beaucoup de choses à expliquer, l'univers est un peu complexe. Je viens tout juste d'entamer ce projet, et je me régale à l'écrire, ça m'a redonné envie d'écrire régulièrement justement.

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