dimanche 23 juin 2013

Future hypokhâgneuse B/L

Je m'excuse par avance pour cet article très long. Mais comme tout article-bilan, c'était difficile pour moi de le raccourcir. 

Ça me parait encore tellement irréel, de me dire que ça y est, je suis une future hypokhâgneuse. Je connais vraiment cette filière depuis la seconde (avant j'en avais juste vaguement entendu parler). C'est durant cette année que j'ai commencé à lire des blogs régulièrement et à m'imprégner des pensées des hypokhâgneux tout en les jalousant un peu de vivre une telle expérience. Aujourd'hui, je peux enfin déclarer à mon tour que je vais rentrer en hypokhâgne. Mieux, en hypokhâgne B/L. Cette précision est très importante pour moi, car je ne me serais pas sentie aussi fière si je n'avais été acceptée qu'en A/L. Non pas parce que la A/L est inférieure à la B/L, absolument pas, mais simplement parce que je m'y serai moins sentie à ma place. Aujourd'hui je peux dire que j'ai trouvé ma voie, que je suis dans une filière qui correspond parfaitement à ma personnalité, et que j'ai finalement réussi à atteindre mon objectif, celui d'être acceptée. C'est magique, merveilleux, incroyable.  

Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance, et comme vous le savez, l'orientation a généré en moi un stress insupportable, qui a transformé ma terminale en année plutôt chaotique que je décrivais comme étant la plus désagréable du lycée et que j'avais hâte d'avoir terminée. Il y a eu les doutes, ces moments sombres et froids d'hiver où toute envie d'intégrer une hypokhâgne m'avait abandonnée et où mon seul réconfort résidait dans cette impatience de commencer à lire des livres de psychologie pour me préparer à mes futures études à la fac. Comme cette période me paraît loin, et comme j'ai l'impression qu'elle me correspond si peu aujourd'hui ! Cette année, plus que les autres, je me suis mise à détester travailler, la procrastination, jusqu'au bout, m'aura accompagnée. Il m'est arrivé plusieurs fois de me coucher à 1h du matin pour réviser un DS - surtout l'histoire-géographie, puisque c'est la seule matière où on ne peut pas du tout s'en sortir si on n'a pas travaillé un minimum (minimum signifiant des heures de travail pour une matière qui pour moi nécessite autant de bourrage de crâne). Le pire côté sommeil, ça aura été pendant la semaine du bac, où je me suis couchée trois fois vers une heure du matin pour réviser, tout en me levant à 6h15, c'est-à-dire trente minutes plus tôt que les jours où j'ai cours. Mais l'adrénaline et la motivation d'être bientôt en vacances m'a fait très bien tenir.

J'ouvre là une petite parenthèse concernant le sommeil. Je ne suis pas particulièrement stressée pour ma rentrée en hypokhâgne, mais le manque de sommeil, que les étudiants en prépa connaissent bien visiblement, est un point sur lequel il faudra que je sois particulièrement attentive. Quand je manque de sommeil, je suis d'une humeur massacrante. Je m'énerve plus rapidement, et surtout, surtout, je me mets facilement à déprimer. J'ai très vite fait le lien entre sommeil et humeur quand j'ai commencé à me forcer à me coucher plus tôt et que mon état s'est immédiatement amélioré. Donc l'année prochaine, j'aimerais réussir à ne pas me coucher trop souvent très tard, car je sais que si je vis mal mon hypokhâgne, le manque de sommeil en sera une des causes principales. Dormir assez, pour moi, cela signifie dormir environ 8h par nuit, donc me coucher à 23h ce serait bien, avec quelques exceptions les veilles de DS le vendredi soir. Heureusement, puisque je ne vais pas suivre tous les modules proposés par mon lycée, mes mercredis après-midi seront libres et je pourrai en profiter pour rattraper le sommeil que j'aurai accumulé. L'organisation, donc, sera un élément capital l'année prochaine. Car si travailler plusieurs heures d'affilées peut se montrer fatiguant quand on n'a pas l'habitude, le faire quand on est fatigué et que tout notre corps réclame le lit, c'est très désagréable. 

Je ferme ma parenthèse et je reviens sur cette année difficile dont je parlais. Je dirais qu'une année de terminale, n'a, à la base, rien de chaotique et que le travail demandé est tout à fait supportable... Quand on s'organise bien.. Mais une année passée à paresser, à procrastiner et donc à stresser constamment tout en culpabilisant, ça transforme la terminale en une suite de jours désagréable et interminables. J'ai très mal géré mon temps et j'ai souvent adopté un comportement complètement stupide : je ne voulais pas travailler, mais je m'interdisais tout loisir avant d'avoir révisé. Finalement, je ne faisais rien et j'ai dû perdre des heures et des heures de loisir ou de travail. Plus les mois passaient et moins je faisais mes devoirs. Les exercices d'SES, la flemme. Les exercices de maths, même pas la peine d'en parler. Les devoirs d'anglais, ils ne servent à rien, je ne les fais pas. Cette année, c'était un peu l'anarchie. Le manque de travail a eu des conséquences sur mes notes qui, loin d'être catastrophiques, étaient inférieures à celles que j'aurais pu en avoir en fournissant un travail régulier, et qui ont mis en péril mes chances d'être acceptée en prépa.

Est-ce que je mérite vraiment d'avoir été acceptée en prépa ? Je vous le précise, c'est dans mon lycée que j'ai été acceptée. Je sais qu'en général s'ils ont l'occasion ils aiment bien garder leurs élèves, donc ça m'a aidée à être admise - mais je ne sais pas à quel point. Aurais-je été reçue sinon ? Ma place est-elle légitime ? Je n'ai pas travaillé cette année. J'ai paressé autant que je le pouvais. Les professeurs ne s'en sont jamais doutés, ils assimilaient les notes parfois bien médiocres à quelques difficultés, un manque de méthodologie ou que sais-je encore. "Vous travaillez beaucoup", m'a dit ma prof principale. Si elle savait à quel point elle se trompait. Cette année, sans même le faire volontairement, j'ai trompé tous mes professeurs. Depuis toujours, on croit que je travaille régulièrement et beaucoup. Depuis toujours, on se trompe.

Et pourtant j'ai progressé. C'était inespéré, je ne sais pas ce qu'il s'est passé chez moi, pour que tout à coup un changement s'opère en si peu de temps. Ça a commencé vers la fin du deuxième trimestre, quand j'ai eu un 14 en histoire à une étude de document qui portait sur un cours que j'avais révisé la veille, et un 14,5 à un DS d'SES que je pensais avoir raté. J'ai considéré que c'était de la chance. Mais j'ai continué à progresser, petit à petit j'ai senti que je commençais à mieux savoir réfléchir, que tout ce qui m'avait manqué cette année (et l'année précédente en français) était en train de se manifester tout à coup, de façon tout à fait inespérée. Ma réflexion commençait à devenir plus approfondie. Et, tout à coup, je me suis retrouvée à très bien réussir mon bac blanc dans les trois matières principales qui demandent de la réflexion : SES (15), HG (15) et philosophie (16). Pourtant, même si je m'étais promis de plus travailler au troisième trimestre, j'ai trahi cette promesse en n'augmentant pas vraiment mon temps de travail. Les progrès sont quand même arrivés.

Pourquoi ? Je me suis posé cette question à de nombreuses reprises. Après avoir galéré un an en français parce que je n'avais aucune capacité d'analyse, et à m'être lamentée durant plusieurs mois de ne pas réussir à élaborer une réflexion en SES (je pensais au départ que ça venait de mon manque de culture générale et du fait que je ne suivais pas l'actualité), pourquoi tout à coup j'arrivais à réfléchir de façon plus pertinente ? La première réponse que j'ai pu y apporter, c'est la philosophie. Je suis tombée amoureuse de cette matière dès que je l'ai rencontrée, et mon professeur était génial. Cette matière m'a habituée à réfléchir, et d'une manière très différente de ce à quoi j'étais habituée. J'ai appris à faire le tour d'une question, à m'engager dans des pistes de réflexion que je n'aurais pas eu l'idée d'explorer avant, et je suis persuadée que ce que j'ai appris en philo m'a servi pour tout le reste. La deuxième raison, c'est mon blog. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais en janvier j'ai énormément écrit ici (11 articles), ça a été le mois de l'introspection, celui où je me suis énormément analysée. C'est une toute autre forme de réflexion, mais je crois que ça m'a aidée quand même parce que ça m'a habituée à porter un regard plus précis et plus analytique sur moi, à me plonger dans les profondeurs de mon âme, à en analyser chaque petit détail. Ce regard particulier que j'ai porté sur moi, je crois que j'ai réussi à le projeter aussi sur le monde extérieur et c'est en partie grâce à ces introspections que mon esprit de réflexion a progressé même si, évidemment, il me reste encore d'énormes progrès à faire, progrès que l'hypokhâgne (comme j'aime ce mot !) va m'aider à accomplir.  

Aujourd'hui je m'engage dans des études littéraires, comme je l'ai au fond toujours voulu, tout en gardant les matières que j'ai découvertes (SES) ou redécouvertes (maths) au lycée. Je ne pourrais pas être plus heureuse. Il est temps de renouer avec ma personnalité et de rétablir cette unité que j'ai souvent craint d'avoir perdu entre le moi d'avant et le moi d'aujourd'hui. Je me sens entière, je me sens moi. La fin du lycée, c'est la fin d'un voyage passionnant mais parfois éprouvant durant lequel j'ai eu l'impression de me perdre.
Je me suis retrouvée.

Je ne sais pas si, au vu de mon travail cette année, je peux dire que j'ai légitimement gagné la place qu'on m'offre en hypokhâgne B/L. Mais je crois être capable de faire une prépa, de progresser, de m'y épanouir. Je veux que ceux qui ont accepté mon dossier ne le regrettent pas. L'autre jour, ma mère a souri quand je lui ai dit: "J'aimerais que les professeurs soient contents de m'avoir acceptée en hypokhâgne. Qu'ils se disent qu'ils ont bien fait de retenir mon dossier". 

6 commentaires:

  1. OH MON DIEU, mais c'est HYPER LONG! CHOUETTE :D bon, je vais lire tout ça! Mais je commenterai demain ;) ♥

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    1. Désolée si j'ai un peu exagéré sur la longueur ! (Et sinon... Contente que tu aimes les articles longs !)

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  2. Tout d'abord, FELICITATIONS !
    Et je pense que tu devrais t'arrêter là. Prends cette nouvelle dans tout ce qu'elle a de positif et faire tout ton possible pour mettre tes doutes au placard.
    Notamment cette question de la légitimité: tu as été prise donc tu es légitime, point. Les profs t'ont choisi, toi, c'est ce qui compte. Tu sais, rares sont ceux qui arrivent à la rentrée sans ces doutes là (ce sont souvent ceux qui sont dans un milieu, familial ou scolaire, déjà très élitiste, où la prépa est un cursus tout à fait banal): tout le monde va arriver comme toi. J'ai été prise dans une grande prépa parisienne, je tombais des nues et je suis arrivée presque penaude à la rentrée en me demandant s'ils ne s'étaient pas plantés dans les dossiers. Pour me rendre compte que les 9/10ème des gens le vivaient de la même façon.
    Réjouis toi de ta réussite. Le fait que tu ne travailles pas beaucoup et que tu procrastines cette année ne remet rien en cause, j'étais pareille alors je peux te le dire (et même t'avouer que même si la prépa corrige les choses, elle n'éradiquera pas totalement cette habitude. Là, par exemple, je devrais être en train de réviser mes oraux ^^).
    Ne t'inquiète, quoi qu'il arrive, cette nouvelle est une excellente nouvelle et je suis sure que tout ira bien :)

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    1. Je me prépare déjà à l'idée que je resterai une procrastinatrice dans l'âme, même si j'ose espérer que j'arriverai mieux à m'organiser tout de même (déjà, on va virer les feuilles volantes impossibles à classer).
      Merci beaucoup pour ce commentaire, et tu as raison, je vais essayer d'oublier cette question de légitimité. De toute façon maintenant c'est fait, j'ai dressé mon bilan, j'ai posé mes questions, et maintenant il ne me reste plus qu'à me projeter vers l'année à venir !
      Encore merci et bon courage pour tes oraux :)

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  3. "Depuis toujours, on croit que je travaille régulièrement et beaucoup. Depuis toujours, on se trompe." story of my life

    Je suis vraiment contente pour toi, surtout quand je lis un article comme ça, ça fait plaisir de voir que tu retiens le positif de cette année et que tu te prépares à aimer ta prochaine année d'études. :)

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    1. Remarque mieux vaut ça que l'inverse ! C'est assez comique quand les profs nous prennent pour des bosseuses alors qu'on passe notre temps devant des séries par exemple.

      Je me prépare à aimer l'année prochaine oui, maintenant on va espérer qu'elle me plaira vraiment ! Merci beaucoup pour ton commentaire, et pour tout ton soutien depuis le début :)

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