samedi 14 septembre 2013

Un tableau idyllique

"Mais qu'est-ce que je fous en prépa ?" me suis-je souvent demandé pendant ma période de tests, la semaine dernière, paniquée par mes résultats et les cours à venir, envahie par cette impression terrifiante que la fatalité allait me rattraper : début des cours, des devoirs, des khôlles, des DS, sans que je ne puisse rien y faire. "Non, non je ne veux pas" pensais-je, impuissante, loin d'être prête à me faire avaler par la prépa."Ce n'est que deux ans, ce n'est que deux ans" me répétais-je, un peu désespérée, déjà déçue, déjà impatiente que la prépa soit terminée.

Mais, sitôt la période des tests passée, ces impressions se sont dissipées, remplacées par la joie et par le sentiment d'être à ma place là où je suis. C'est une sorte d'instinct très fort qui m'a conduite à choisir l'hypokhâgne : là où mes arguments rationnels ("tu n'aimes pas du tout bosser, postule ailleurs") m'auraient détournée de la prépa, une sensation très particulière me poussait à croire que cet endroit était fait pour moi. J'ai suivi cette sensation, jusqu'au bout, qui s'actualisait sans cesse et se renforçait par les événements de mon quotidien : la rencontre avec un professeur de prépa qui est aujourd'hui mon professeur d'SES, la chance que j'ai eue de pouvoir assister à un de ses cours, la visite aux journées portes ouvertes où tous les professeurs m'avaient paru passionnants, intelligents, tellement différents de ceux que j'avais pu croiser jusqu'alors et qui m'ont fait réaliser que c'était avec eux que je voulais travailler et pas avec les professeurs de psychologie. Ce n'est pas une question de hiérarchie des études, ni de profs de prépa qui seraient oui ou non plus intelligents que ceux de psychologie, je sentais juste que ma place était là, dans ce lycée, en prépa, avec ces professeurs fascinants dont la personnalité correspondait à la mienne. Je ne veux pas dire par là que je leur ressemble, pas du tout, mais j'avais simplement l'impression que ma personnalité, confrontée à la leur, saurait trouver de quoi l'enrichir. Voilà, à peu près, l'aspect le moins rationnel qui m'a conduite à vouloir l'hypokhâgne, cette hypokhâgne, et qui est pourtant l'aspect le plus important et le plus beau de ma décision. Parce que l'apprentissage de quantités d'informations, la stimulation intellectuelle, la mise en place de méthodes de travail très efficaces, la possibilité d'approfondir des matières qui me tenaient vraiment à cœur, l'envie de me dépasser malgré ma paresse et ma procrastination... toutes ces caractéristiques-là ont été très importantes pour m'aider à prendre ma décision, mais ces éléments ne seraient rien s'ils n'étaient pas portés par les professeurs sans lesquels je n'aurais jamais été aussi motivée, qui non seulement allaient pouvoir m'offrir un savoir, mais aussi un caractère, une personnalité bien à eux, qui pourraient donner une nouvelle épaisseur à leur matière. Le côté intellectuel et le côté humain forment pour moi un tout, et mieux ils s'assemblent, plus je me sens à ma place où je suis. Si l'année dernière je ne m'expliquais pas toutes ces raisons avec des mots, je les ressentais bel et bien dans cette forme finale qu'elles prenaient : la sensation qu'il fallait que je sois prise en prépa.

Cette semaine a été merveilleuse, malgré les petits ombres à ce tableau idyllique (les maths qui, je le sens, commencent déjà à se complexifier) qui ne sont rien comparées à l'impression globale que m'ont laissée ces premiers jours de cours. Tout à coup le matin j'ai été heureuse de me lever (passée la minute quotidienne où je voulais assassiner mon réveil) et d'aller en cours, parce que chaque jour je découvrais de nouveaux professeurs, une nouvelle façon d'enseigner et chaque jour, j'étais émerveillée par ce que je découvrais. Les profs sont géniaux, tous. Il y en a que j'apprécie particulièrement, comme celui qui a joué un grand rôle dans mon envie d'aller en hypokhâgne, et dans chacun des cours auxquels j'ai pu assister, je me suis sentie heureuse d'être là. Les cours sont très denses, à mon plus grand plaisir même si prendre des notes avec autant de rapidité et de concentration s'avère parfois un peu fatiguant. Mais à côté de ça, les professeurs sont tellement humains et intéressants dans leur personnalité comme dans leur enseignement que j'en oublie la douleur naissante dans mes doigts engourdis. On sent beaucoup d'humanité et d'humour dans chacun d'entre eux, et tous les jours je me félicite d'avoir choisi cette prépa. Je croise aussi de temps en temps des professeurs que j'avais au lycée, qui demandent des nouvelles, encouragent, se montrent bienveillants. Alors bien évidemment, je sais que je suis dans une prépa, qu'il va donc falloir travailler et qu'il y aura des moments très difficiles. Cela me paraît évident, je ne suis pas perdue au pays des bisounours contrairement à ce que l'article pourrait laisser penser. Mais ce socle solide d'humanité est une base extrêmement rassurante et motivante pour la suite, et je suis très heureuse d'être en hypokhâgne, malgré les difficultés qui m'attendent.

J'en viens aux devoirs. Pour l'instant je ne suis pas encore noyée dans une charge de travail terrible. En philosophie, je dois lire un peu le Phédon de Platon. Mais je compte aussi approfondir le cours avec deux extraits de livres, La solitude des mourants d'Elias et Le mythe de Sisyphe de Camus (on travaille sur le thème de la mort) en prenant quelques notes. En littérature, je n'ai rien à faire, mis à part un dossier que nous devrons rendre en décembre. Je vous en parlerai dans un prochain article. Sinon, on va commencer par étudier Oedipe roi donc si j'ai le temps je relirai la pièce et je compléterai avec le profil bac. En histoire, je dois apprendre 4 pages du manuel qu'on utilise pour lundi, lire 10 pages du Démier pour vendredi (en les retenant sinon ça sert à rien), et lire le rapport du jury de l'ENS pour je ne sais plus quand en surlignant les éléments importants (je vais le faire pour lundi). En maths, quelques exercices rapides. En espagnol, une petite version (j'adore cet exercice, manier les mots, trouver la bonne tournure pour rester fidèle au texte tout en utilisant un français correct, je trouve ça passionnant) et un petit thème (plus compliqué je pense mais tout aussi intéressant). En anglais, apprendre le cours, la prof interrogera à chaque fois quelqu'un à l'oral. En SES, lire quelques pages d'un article en anglais (les premières et la conclusion) et retenir une citation qui me paraît importante. Et puis je reverrai mes cours dans chaque matière autant que possible pour ne pas accumuler de retard.

Au niveau de mon nombre d'heures de cours, si je compte mes options (6h) j'ai 35 heures de cours, auxquelles s'ajouteront les 4, 5, ou 6 heures de DS le samedi matin et les khôlles (autour de deux par semaine). Voilà, je crois que j'ai tout dit ! Enfin, rectification : je m'arrête là pour ce soir (parce que j'ai toujours quelque chose à dire, à raconter). Bonne soirée à tous, je retourne à Norbert Elias et Platon (après avoir paressé toute la journée, je l'avoue, en m'exilant au bowling et au restaurant con la familia). 

1 commentaire:

  1. "j'adore cet exercice, manier les mots, trouver la bonne tournure pour rester fidèle au texte tout en utilisant un français correct, je trouve ça passionnant" = OUIIIIIII :)

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