mardi 14 janvier 2014

Où est ma place ? Je ne la trouve pas

Il y a des jours, comme ça, où on se demande où on va. 
Et précisément aujourd'hui je me demande ce que je fiche ici, en prépa, alors que je déteste de plus en plus travailler. Depuis la rentrée je n'arrive plus à m'y mettre, je n'arrive plus à me motiver, je travaille vingt minutes et puis ça me fatigue où ça m'énerve déjà et je m'arrête. Avant même de m'y mettre je me dis que je n'arriverai pas à travailler longtemps de toute façon, ou à m'y mettre. Ou alors l'idée de me mettre à travailler me paraît insoutenable, insurmontable, je panique de cette absence totale de motivation et je ne fais plus rien parce que je n'arrive pas pour autant à avoir la tête à vraiment faire autre chose. Cette disparition de la motivation et de la volonté de travailler un peu est terrifiante parce qu'elle m'apparaît presque comme une force extérieure qui me paralyse et fait de chaque moment où je travaille une énorme difficulté et une énorme frustration de ne pas pouvoir faire autre chose pendant longtemps et sans culpabiliser. 

Donc tout à l'heure, j'ai fait une "crise". Quand je dis crise, c'est que je m'énervais très rapidement, j'ai engueulé mes parents pour pas grand-chose en m'énervant pourtant très fort, les larmes ont coulé, les objets ont volé (oui quand je pète un câble c'est assez radical quand même). Je me suis quand même gardée de balancer mon portable comme je l'ai fait dans le passé parce que j'avais réussi à le casser pour de bon. Bref ce soir ça ne va pas. 

Il y a eu deux éléments déclencheurs de cette "crise". D'abord, j'ai eu 8 à mon DS d'SES, ce qui me classe autour de 31ème sur 43 (moyenne à 10,75), sachant qu'une dizaine d'élèves ont eu 14 ou plus et que les notes descendent jusqu'à 6. Ce n'est pas la note en elle-même qui me dérange vraiment, je m'y attendais un peu vu le peu de travail que j'avais fourni. Sur l'appréciation ça dit quelque chose comme une réflexion intéressante mais des connaissances ou des références trop vagues, donc travail global encourageant (la bonne blague) mais à consolider. Le problème, c'est que je me sens actuellement incapable de fournir la dose de travail nécessaire pour augmenter mes notes. Ce que j'apprends ne m'intéresse pas assez, en fait. Je n'aime bosser (enfin, disons que ça ne me dérange pas autant) que la philosophie (ça c'est mon amour de toujours) et la littérature (matière avec lesquelles les retrouvailles ont été belles grâce à Proust). Tout le reste me gonfle, particulièrement l'histoire qui me traumatise complètement, les maths dont je suis absolument dégoûtée, et l'anglais parce que je n'aime pas ce qu'on fait. Bosser des matières qu'on n'aime pas c'est une épreuve redoutable, déjà que bosser celles que j'aime c'est toujours un peu difficile pour moi m'y mettre.

Deuxième élément, un khâgneux de l'année dernière qui est venu ici pour nous faire part de son témoignage puisqu'il est cette année à science po Lilles. L'intervention était intéressante, mais la description de ce qu'il fait ne m'inspire pas du tout. En gros, je ne me sens intéressée par aucun des débouchés proposés par la B/L. Je ne me sens aucune ambition professionnelle, j'ai l'impression que rien rien rien ne me plaît. J'aurais rêvé de faire des études de psychologie mais pour quoi en fait ? Les études de philosophie m'auraient plu mais pour quoi ensuite ? Quand j'essaie de vraiment être honnête avec moi-même et que je me pose la question "Qu'est-ce que je ferais si vraiment j'avais l'opportunité de faire le métier que je voulais ?" je ne sais même pas y répondre. Si, en fait les seuls trucs qui m'auraient plu c'est d'avoir du talent et de pouvoir faire un métier de la scène, si possible mélanger chant (mais je chante très mal ce qui me désespère d'ailleurs), musique et théâtre (j'aime beaucoup le concept de comédie musicale par exemple). Mais bon là c'est plutôt du domaine de l'utopie, surtout que non je n'ai pas de talent ni en théâtre ni en chant (en musique je m'en sors déjà un peu mieux). Donc voilà, à part ça absolument rien ne m'inspire. Et pourtant je ne manque pas de bonne volonté, sinon je ne serais pas allée en prépa, j'essaie de m'intéresser, mais vraiment j'ai l'impression que ce monde, celui de la prépa, n'est pas le mien. Je progresse là où je voulais, mais cela vaut-il vraiment le coup de devoir supporter à côté tout ce qui ne me plaît pas et qui m'empêche de me sentir bien ?

D'un côté, l'hypokhâgne est faite pour moi, elle m'apporte exactement ce que je souhaitais qu'elle m'apporte, et c'est pour ça que la situation est compliquée parce que malgré la difficulté, je sais que ça m'est bénéfique. Et pourtant, pour la première fois je ne me sens plus à ma place en B/L, manque d'ambition, manque de curiosité, manque d'intérêt, manque d'envie de travailler, manque de tout.
Mais qu'est-ce que je fais ici ?
Mais où est ma place si elle n'est pas en B/L ? Nul part, j'ai l'impression.

Pour terminer tout de même sur une note positive, je passerai ma khôlle de littérature (sur un commentaire de texte, mais on sait l'auteur sur lequel on sera interrogé avant) sur Camus. J'ai sauté de joie, j'étais hystérique quand j'ai vu que cette fois j'avais de la chance (la première fois c'était Bernadin de Saint-Pierre). Par contre je n'ai pas le droit de me planter, sinon j'aurai honte.

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