samedi 7 juin 2014

Parce que sa vocation n'est peut-être pas celle qu'on croit

De mes conversations autour de l'orientation avec mes parents et avec deux amies ressort cette affirmation qui fait l'unanimité : je te vois trop prof de philosophie. 

Je précise au passage que rien ne me fait envie au niveau orientation. Plein d'élèves de ma classe sont très motivés pour les IEP, les écoles de statistiques, ou les écoles de commerce. Mais moi, c'est dans un état d'esprit un peu blasé que je vais tenter un ou deux concours (on s'est engagé au début de la prépa à tenter au moins deux concours), dont la réussite me ferait plus plaisir parce que c'est une sorte de challenge, d'accomplissement personnel, que pour l'école en elle-même. Je suis prise, je ne suis pas prise, j'avoue que ça ne me fait ni chaud ni froid. Je n'arrive pas à être attirée par une école en particulier. D'où cette question de l'orientation qui est toujours au centre de mes préoccupations. 

J'ai toujours déclaré à tout le monde qu'il était hors de question que je fasse prof. Me retrouver, peut-être, dans un lycée avec des élèves qui s'en foutent ou, pire, sont violents ; corriger des copies dont je n'arriverai pas à lire l'écriture parce que je ne suis pas douée pou déchiffrer l'écriture manuscrite ; me retrouver seule face à une classe de 43 élèves sachant que j'ai toujours été incapable de me faire apprécier rapidement dans un groupe (en général les gens ne me trouvent intéressante qu'une fois qu'ils ont eu le temps de mieux me connaître) ; devoir préparer un cours alors que je ne m'en sens absolument pas capable ; gérer toute une année, donc, et avoir une vision à long terme ; la routine, non pas du programme (ce n'est a priori pas ce qui me dérangerait le plus), mais de la vie de prof en général après des années, alors que je voulais explorer la vie pour voir ce qu'elle avait à m'offrir ou à me faire découvrir ; l'idée qu'une petite partie de l'avenir des élèves dépend de nous, c'est peut-être exagéré que de dire ça, mais quand même : quand on a un mauvais prof, ce n'est pas dramatique pour la suite, quoique si on les enchaîne c'est quand même problématique, mais un bon prof peut changer beaucoup de choses pour un élève ; les débouchés après philo sont limités, donc soit on trouve un poste de prof, soit on peut se retrouver sans travail.

Peut-être que ma vision est complètement caricaturale, mais c'est pour vous montrer le point de vue que j'ai toujours sur ce métier. C'est un très beau métier... Quand on a la vocation. Quand on sait faire en sorte que le courant passe avec les élèves, quand ils nous apprécient, et surtout, quand on sent qu'on peut leur apporter quelque chose. Et pourtant, malgré tous mes discours, ces quelques personnes qui me connaissent le mieux continuent de me répéter que ça me conviendrait. Ils me font très peur. Mon père m'a même dit : tu seras prof, comme si, quelles que soient mes décisions d'orientation, je finirai finalement par choisir d'être prof. 

Alors, l'espace d'un instant, j'accepte de baisser ma garde, et de réfléchir. Que les avis des gens qui me connaissent le mieux convergent vers cette même piste mérite qu'on s'en soucie ne serait-ce que l'espace d'une réflexion. Une amie pense que ce serait pas mal de demander son avis à mon prof de philo, qui revient bientôt (et que j'adore, il est à la fois brillant et vraiment gentil). Mais je pense que je n'oserai pas, et surtout, je ne vois pas ce que je pourrais lui demander "Je ne veux pas être prof mais les avis sont unanimes sur le fait qu'en fait ça me conviendrait. Qu'en pensez-vous ?" Plus sérieusement, si je lui demandais simplement un avis parmi d'autres, il ne pourrait pas me répondre non : j'ai baissé au deuxième semestre, mais j'avais quand même 15 de moyenne au premier semestre, et il ne me connaît pas assez personnellement pour savoir si ça me conviendrait au niveau de ma personnalité. 

Tout cela est très étrange, vraiment. Un millier d'éléments me disent que ce métier ne me conviendrait pas, je ne suis pas assez à l'aise avec beaucoup de gens, pas assez douée pour transmettre et donner envie de s'intéresser à ce que je dis, je ne saurais pas expliquer, pas par où m'y prendre, pas quoi dire. On me dit que ça s'apprend. Mais une partie de moi, celle qui n'est pas toujours à l'aise, celle de laquelle on se moquait parfois au collège et qui n'a pas envie d'affronter le regard de nombreux élèves qui ne m'aimeraient pas parce que mes compétences pour intéresser ou paraître un minimum intelligente seraient limitées. Oui, un millier d'éléments me disent que ce métier ne me conviendrait pas et pourtant, mon instinct me dit que, pour une fois, je ne devrais pas refuser en bloc, par une certaine forme d'angoisse, ce qu'on me propose. 

4 commentaires:

  1. De ce que je comprends, toutes tes angoisses par rapport à cette vocation peuvent se résumer en un manque de confiance en toi... Et ça c'est un truc qui s'estompe plus tu vieillis (notamment pour parler à un groupe, et surtout un groupe de gens plus jeunes... là ça te parait dur parce que tu as leur âge) et plus tu apprends (tu te sentiras plus légitime). Donc je pense qu'au final quand t'auras surmonté ces angoisses, être prof te fera surement beaucoup moins peur.

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    1. C'est vrai, ça vient beaucoup d'un manque de confiance, mais j'ai peur de ne jamais en être capable. J'ai eu beaucoup de profs nuls et je n'ai pas envie de l'être moi-même. Après il y a aussi le côté j'ai peur que ça m'ennuie, d'avoir l'impression de ne pas avoir découvert autre chose dans la vie qu'un lycée, ou ce que je crains plutôt c'est de ne plus réussir à avoir d'ambition, de "challenges" (et j'en ai besoin) personnels

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    2. Ne laisse pas les gens décider pour toi, en général. Si t'as pas envie de faire prof, tu le fais pas et c'est tout, c'est pas grave que les gens disent "je te vois comme ça". Tout le monde projette des choses comme ça, c'est normal... Donc réfléchis-y, comme tu le dis ça ne peut pas être négatif, mais ne change pas tout juste parce qu'ils disent qu'ils te voient comme ça. T'as encore le temps d'y réfléchir un peu :)

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  2. Non justement moi j'aime bien l'après et le "pendant" ! Je reste toujours 50 ans sur la douche parce que je fais 2 shampoings au minimum x)

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